Commentaire de Richard Werly
Les F-16 livrés à l'Ukraine ne doivent pas pilonner les efforts de paix

La décision des Pays-Bas et du Danemark de livrer des avions F-16 à l'Ukraine ne doit pas faire oublier que la guerre se joue au sol, dans l'est du pays. Et la future paix aussi.
Publié: 20.08.2023 à 21:52 heures
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Dernière mise à jour: 21.08.2023 à 09:52 heures
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En visite surprise aux Pays-Bas, le président Ukrainien Volodymyr Zelensky a fin obtenu ce qu'il réclamait depuis des mois: des avions américains F16
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Toutes les escalades militaires ne se ressemblent pas. Considérer que la livraison prochaine d’avions F-16 à l’Ukraine par les Pays-Bas et le Danemark confirmée ce dimanche serait un changement radical de la donne militaire sur le terrain ne tient juste pas.

D’abord, parce que l’arrivée de ces avions de chasse «made in USA» dans le ciel ukrainien était une chose acquise depuis le sommet de l’OTAN à Vilnius, en juillet, même si le calendrier demeurait flou. Ensuite, parce que les semaines qui viennent, décisives pour l’avenir de la contre-offensive ukrainienne en cours, se dérouleront de toute manière sans le soutien aérien de ces F-16, dont les premiers exemplaires sont attendus pour la fin de cette année.

La livraison des F-16 confirmée, en vidéo

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La question, donc, n’est pas aujourd’hui celle des paramètres militaires. C’est bel et bien sur le terrain, à hauteur d’hommes, de blindés et d’artillerie, que le sort de la guerre va continuer de se jouer dans l’immédiat. Avec une nuance de taille toutefois: le regain de confiance que ces livraisons d’avion peut entraîner dans les rangs de l’armée ukrainienne, confrontée au défi de l’épuisement et de la fatigue morale, incontournable pour toute armée de conscription, dans un pays autre qu’une dictature.

La Russie de Vladimir Poutine, à la différence de l’Ukraine, peut en effet compter sur un appareil répressif sans commune mesure pour forcer ses combattants à poursuivre le combat, aussi épuisés soient-ils.

Le sujet du moment, moins que les livraisons de F-16 qui promettent de monopoliser l’attention des médias et d’engendrer une nouvelle bataille de propagande entre Moscou et Kiev, est celui de l’impact des moyens militaires occidentaux apportés à l’Ukraine, des blindés lourds aux batteries antimissiles, en passant par les canons autoportés et les missiles à long rayon d’action.

Peut-on dire, pour le moment, que ces renforts en matériel ont fait la différence? Non, sauf sur un point, politiquement crucial: celui de protéger avec beaucoup plus d’efficacité Kiev et les grandes métropoles ukrainiennes. L’arrivée prochaine des F-16 repose par conséquence la même question: faut-il donner la priorité, coûte que coûte, au forcing militaire dont les Occidentaux paient le prix financier et les Ukrainiens le tragique prix en vies humaines? Où faut-il, derrière ce brouhaha de l’armement, travailler d’arrache-pied pour trouver une base de négociation afin de stopper ce conflit et d’aboutir à un cessez-le-feu durable?

A la veille du sommet des BRICS

La réponse est sans appel, à la veille du sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), le rassemblement des grands pays émergents qui se tient du 22 au 24 août à Johannesburg, en présence de 41 pays. C’est à l’accélération de la recherche d’une paix possible que doivent servir ces futures livraisons de F-16. Donner à l’Ukraine les meilleurs moyens pour se défendre est légitime.

L’implication de l’OTAN ne changera pas de nature avec l’arrivée de ces avions dans le ciel ukrainien. Mais le faire doit s’accompagner d’une pression redoublée sur Volodymyr Zelensky. La vraie sécurité de l’Ukraine ne sera assurée que par une paix durable qu’il faudra avoir un jour le courage de négocier.

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