Une foule massée derrière des barrières métalliques hue et siffle au moment où deux otages israéliens sont escortés par des hommes masqués sur un podium, pour le septième échange de captifs contre des prisonniers palestiniens depuis le début de la trêve à Gaza. Des combattants du Hamas masqués et armés entourent la scène, à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, au moment où les deux otages sont remis à la Croix-Rouge. L'un deux, Averu Mengistu, captif depuis plus de dix ans, marche avec une apparente difficulté.
Comme lors des précédentes libérations de captifs depuis le début du cessez-le-feu le 19 janvier dans la bande de Gaza après 15 mois de guerre, Tal Shoham et Avera Mengistu se voient remettre des «certificats de libération» en hébreu, accompagnés de leurs photos. Sur le podium, devant les caméras, un homme masqué donne un micro à Tal Shoham pour l'obliger à prononcer quelques mots. Il parle, mais le public n'entend rien. Pause, puis l'homme armé lui demande de recommencer. Tal Shoham s'exécute, mais toujours pas de son. La foule crie «plus fort!», mais rien. Panne de micro.
Tout autour de la place, des centaines de Gazaouis sont rassemblés pour assister à la cérémonie en ce matin d'hiver brumeux et pluvieux. Certains sont perchés sur des étages de béton, vestiges d'immeubles en grande partie détruits par les bombardements, d'autres regardent depuis des étages supérieurs de bâtiments aux façades éventrées. Après l'incident du micro, les deux otages redescendent du podium escortés par des hommes cagoulés vers les véhicules blancs de la Croix-Rouge, intermédiaire entre le mouvement islamiste palestinien et Israël.
Une source du Hamas a déclaré à l'AFP que le mouvement islamiste palestinien prévoyait, après ces libérations, de relâcher quatre otages dans le camp de Nousseirat, dans le centre de Gaza, plus tard dans la matinée, pour rendre à Israël un total de six captifs, comme prévu par l'accord. En échange, Israël doit libérer quelque 600 prisonniers palestiniens.
«Nous sommes le déluge. Nous sommes la force extrême»
A Rafah et Nousseirat, le Hamas a préparé tôt le matin ces mises en scènes désormais bien rodées, dénoncées à plusieurs reprises par le CICR, l'ONU et Israël comme attentatoires à la dignité des otages. Les podiums où défilent les otages à libérer sont surmontés de grandes affiches et panneaux vantant les actions du mouvement et faisant l'éloge de ses combattants tombés pendant la guerre. A Rafah, derrière la table recouverte d'une toile de camouflage militaire, une banderole avec un slogan en arabe, hébreu et anglais: «Nous sommes le déluge. Nous sommes la force extrême» en arabe, en anglais et en hébreu.
Ce slogan fait référence à l'opération «Déluge d'al-Aqsa», nom donné par le Hamas son attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre. Dans une démonstration de force, des combattants du Hamas, cagoulés et portant des bandeaux vert du mouvement, tiennent des kalachnikovs, d'autres exhibent des lance-roquettes portatifs, tandis que le drapeau vert du Hamas flotte autour de la place sur des bâtiments.
A l'issue des libérations à Rafah, 65 otages enlevés le 7 octobre 2023 sont toujours retenus à Gaza, dont 35 sont morts selon l'armée israélienne. Depuis le début la première phase du cessez-le-feu à Gaza, entrée en vigueur le 19 janvier, le Hamas et d'autres mouvement armés palestiniens à Gaza ont rendu 25 otages israéliens, dont quatre corps.