Ils sont arrivés à Tel-Aviv
Le choc des Israéliens face aux visages marqués des otages libérés

À Tel-Aviv, la libération de trois otages israéliens provoque un choc émotionnel. Les visages émaciés d'Ohad Ben-Ami, Eli Sharabi et Or Levy, captifs pendant près de 500 jours, apparaissent sur un écran géant, suscitant stupeur et soulagement parmi la foule.
Publié: 14:08 heures
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Trois otages israéliens ont été libérés par le Hamas ce samedi.
Photo: Anadolu via Getty Images
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AFP Agence France-Presse

La stupeur parcourt la foule réunie sur la «place des otages» à Tel-Aviv, quand les visages amaigris des trois otages israéliens apparaissent en direct depuis Deir el-Balah, dans la bande de Gaza. Sur un écran géant, Ohad Ben-Ami, Eli Sharabi, et Or Levy marchent encadrés par des hommes de la branche armée du Hamas vers une estrade.

Les centaines de personnes ayant afflué sur cette place emblématique de la mobilisation pour les otages, les regardent médusés. Ils ont passé près de 500 jours en captivité, les silhouettes sont décharnées, les traits tirés.

Inquiétude et douleurs

C'est la première fois depuis le début de cette trêve que des otages libérés sont à ce point marqués physiquement. Dans leur regard, de l'inquiétude, de la douleur physique. Voire une absence. Dans la métropole côtière, à moins de 100 kilomètres du lieu de libération des otages, plusieurs personnes portent leur main devant leur bouche, d'autres secouent la tête de gauche à droite, incrédules.

L'instant d'avant, l'assemblée était encore joyeuse, applaudissant régulièrement en voyant les préparatifs de la libération retransmis à la télévision israélienne. De fait, la consternation est vite chassée par un retour à la joie, au soulagement de voir de nouveaux concitoyens en route vers Israël.

Des histoires tragiques

Une femme mêle les larmes au sourire alors que les trois Israéliens sont enfin remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Un homme qui avait brièvement baissé sa pancarte la relève au-dessus des têtes: «désolé que cela ait pris tant de temps, bienvenue à la maison».

Comme lors des précédentes libérations, la place regorge de portraits des otages. Celui d'Or Levy porte l'inscription «33 ans», barrée. Ce père de famille en a eu 34 en captivité. Sa femme, Einav, a été tuée lors de l'assaut du Hamas contre le festival de musique Nova où ils se trouvaient ensemble. Leur fils, Almog, 3 ans, vit depuis chez ses grands-parents.

Les habitués de la place, et ils sont nombreux, connaissent tous les histoires des captifs. Ils savent aussi que l'épouse d'Eli Sharabi et leurs deux filles adolescentes ont été tuées dans leur maison du kibboutz Beeri dans le sud d'Israël, lors de l'attaque du 7-Octobre. Et que Yossi Sharabi, le frère aîné d'Eli Sharabi, enlevé séparément, est présumé mort. Des situations bouleversantes, qui font se superposer des émotions contradictoires.

Ces derniers jours, le sort de Shiri Bibas, prise en otage avec ses deux petits, Ariel et Kfir, a été évoqué une nouvelle fois par le Hamas. Le premier avait 8 mois et demi le jour de leur enlèvement, le second 4 ans.

Tués par Israël

Le mouvement islamiste assure que tous trois ont été tués par un bombardement israélien en 2023. Il affirme être prêt à remettre les dépouilles, si Israël lui fournit les pelleteuses nécessaires à leur extraction de sous les gravas. Au milieu des tee-shirts fluo floqués «vous n'êtes pas seul» et des autocollants «ramenez-les tous à la maison», les visages des jeunes frères sont aussi portés à bout de bras.

Sur des drapeaux israéliens, l'étoile de David enlace le ruban jaune, symbole d'un mouvement ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans le pays. Cette nouvelle libération, si difficile à regarder soit-elle, constitue malgré tout un nouvel accomplissement.

Chants et danses

Peu après l'annonce par l'armée israélienne qu'elle a pris en charge les trois otages libérés, un groupe de femmes se met à danser et à chanter devant l'écran géant. De la main, elles miment un geste désormais associé à Emily Damari, jeune femme libérée en janvier et ayant perdu deux doigts lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël.

Pour les Israéliens, particulièrement éprouvés par des mois de guerre et de tensions, les photos de cette Israélo-Britannique tout sourire, montrant sa main mutilée après avoir retrouvé sa mère, ont suscité un fort symbole d'identification. Certains font de ce geste de la main, deux doigts pliés vers l'intérieur, un nouvel emblème de la résilience de leur peuple.

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