«Redéfinir les limites de l'homme»
Ce Suisse veut s'offrir un incroyable record du monde sur l'Everest

C'est à peine imaginable pour les profanes: monter en moins de 24 heures au sommet de la plus haute montagne du monde et redescendre ensuite. C'est pourtant ce que l'alpiniste de l'extrême Karl Egloff a l'intention de faire sur le mont Everest.
Publié: 28.03.2025 à 07:00 heures
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L'alpiniste Karl Egloff se lance dans le projet de sa vie.
Photo: dr
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Janine Enderli

Il vise les sommets. Et c'est peu dire. L’alpiniste helvético-équatorien Karl Egloff s’est lancé un nouveau défi de taille: battre le record du monde de la vitesse d'assension de l’Everest. Son objectif? Atteindre les 8848 mètres du sommet en moins de 24 heures, puis redescendre jusqu’au camp de base – le tout sans oxygène. 

Un projet hors normes, qui exige une préparation physique, mentale et logistique exceptionnelle. Voici les sept faits clés à connaître sur cette tentative spectaculaire. 

1

Sans bouteille d'oxygène

Lors de son ascension, Karl Egloff souhaite éviter autant que possible l’utilisation de bouteilles d'oxygène. Un choix radical, qui impose une charge extrême à l’organisme. Au-delà de 8000 mètres, dans la redoutée et redoutable «zone de la mort», l’air devient si rare que le corps humain commence à se dégrader – même avec de l’oxygène en bouteille.

Dans une interview accordée à la SRF en novembre 2024, l’alpiniste est revenu sur une expérience marquante: la descente du mont Makalu (8485 mètres), en 2022. Il raconte avoir été victime d’hallucinations. Avec le temps, on perd le contrôle de son propre corps, confiait-il. 

2

Préparation dans sa chambre

Pour affronter les conditions extrêmes de l’Everest, Karl Egloff a débuté son entraînement des mois à l’avance. Comme le montre un post Instagram, il a dormi chez lui dans une tente hypoxique, conçue pour reproduire les faibles niveaux d’oxygène en haute altitude. Il s’est également entraîné avec un masque spécial, destiné à simuler le manque d’air et à habituer son corps à l’effort en conditions extrêmes.

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Sa préparation a commencé en Suisse. Puis, en février 2025, Karl Egloff s’est rendu en Argentine pour s’entraîner sur le mont Aconcagua, le plus haut sommet d’Amérique du Sud. Et il n’y est pas allé pour faire de la figuration: il y a battu un nouveau record, réalisant la traversée camp de base-sommet nord-sommet sud en seulement 7 heures et 57 minutes.

Fait marquant: à peine 48 heures plus tôt, il avait déjà effectué le même itinéraire en 8 heures et 49 minutes. Après dix jours d'entraînement intensif à haute altitude, Karl Egloff a confié: «Je suis venu ici pour m'entraîner dur et préparer mon corps et mon esprit à l'altitude.»

3

En moins de 20 heures

La barre est haute. Le record mondial actuel appartient au Népalais Kaji Sherpa, qui, en 1998, a relié le sommet de l’Everest et le camp de base en 20 heures et 24 minutes. C’est ce temps que Karl Egloff espère battre.

Mais pour lui, l’enjeu dépasse largement la simple performance chronométrée. «Ce projet est plus qu'une tentative de record. Il s'agit de redéfinir les limites de l'homme en matière d'alpinisme», souligne le père de famille.

Et même s’il ne parvenait pas à passer sous la barre des 24 heures, l’exploit resterait exceptionnel: très peu d’alpinistes dans le monde ont réussi à atteindre le sommet de l’Everest sans un soutien en oxygène.

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Une tentative fin mai?

Reste à trouver le bon moment. Pour éviter l’afflux massif d’alpinistes sur les pentes de l’Everest, Karl Egloff doit miser sur une fenêtre météo idéale pour se lancer. Celle-ci pourrait se présenter fin mai 2025, période où les conditions sont parfois plus favorables.

Le Suisse prévoit d’emprunter la voie sud, l’itinéraire classique côté népalais. Une chose est sûre: sans conditions optimales, l’exploit restera hors de portée.

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La force mentale

Au-delà de l’entraînement physique en altitude, Karl Egloff mise aussi sur la force mentale. Un élément clé selon lui pour affronter les limites extrêmes imposées par l’Everest. A ce titre, son expérience accumulée lors de records de vitesse sur d'autres sommets constitue une base idéale pour relever ce nouveau défi.

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Oxygène en cas d'urgence

Karl Egloff ne se lance pas seul dans cette aventure hors norme. A ses côtés, on retrouvera son partenaire d’escalade de longue date, Nico Miranda, qui l’accompagnera tout au long de l’ascension. Par mesure de sécurité, son acolyte emportera une bouteille d’oxygène en cas d’urgence.

Les deux hommes forment un duo aguerri. En mai 2022, ils avaient déjà marqué les esprits en gravissant le Makalu (8482 mètres) aller-retour en 25 heures, sans apport d’oxygène. 

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«Seven Summits Project»

L’ascension de l’Everest s’inscrit dans un projet plus vaste porté par Karl Egloff: le «Seven Summits Project». Son ambition? Gravir et redescendre le plus rapidement possible le sommet le plus élevé de chaque continent.

L’alpiniste détient déjà des records de vitesse sur le Kilimandjaro, l’Aconcagua, l’Elbrouz et le Denali. Il a qualifié à plusieurs reprises ce défi comme le point culminant de sa carrière... au sens propre comme au figuré.

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