Les procédures de confirmation des membres du gouvernement de Donald Trump ont commencé mardi au Sénat américain avec l'audition du potentiel ministre de la Défense, Pete Hegseth, dont le profil controversé crée de forts remous à Washington.
Aux Etats-Unis, la Constitution exige que les nominations de ministres et autres hauts responsables soient confirmées par un vote au Sénat, après une audition au sein de la commission compétente pour le poste en question.
Pete Hegseth fait sensation
Pete Hegseth, ex-major et présentateur de Fox News de 44 ans, a ainsi ouvert le bal mardi matin en passant sur le gril de la commission des forces armées. Sa mission principale, a-t-il déclaré aux sénateurs, sera de «ramener la culture du guerrier» au Pentagone.
Dès sa nomination, Pete Hegseth avait assuré vouloir réformer le Pentagone de fond en comble, devenu trop «woke» et acquis à une idéologie trop à gauche selon lui. Il veut notamment limoger certains généraux et interdire de nouveau aux personnes transgenres de s'enrôler sous les drapeaux.
Donald Trump, «comme moi, veut un Pentagone concentré à fond sur le combat, la létalité, la méritocratie, les principes, et la préparation. C'est tout. C'est ça mon boulot», a-t-il assuré devant la commission, après avoir été interrompu à plusieurs reprises par des personnes dans l'assistance protestant contre la guerre à Gaza.
Il se fait démonter par les démocrates
L'ancien militaire a vite subi un tir nourri de la part des élus démocrates. «M. Hegseth, je ne crois pas que vous soyez qualifié pour répondre aux demandes écrasantes de cette fonction», a lancé le sénateur Jack Reed.
Le démocrate a listé des informations «extrêmement alarmantes» concernant Pete Hegseth et «le mépris du droit de la guerre, une mauvaise gestion financière, des remarques racistes et sexistes sur les hommes et femmes sous les drapeaux, l'abus d'alcool, une agression sexuelle, du harcèlement sexuel, et d'autres problèmes préoccupants».
Dès l'annonce de sa nomination, l'opposition avait fustigé son manque d'expérience pour diriger l'armée la plus puissante du monde, mais aussi certaines déclarations controversées, comme son opposition à la présence de femmes dans les troupes combattantes.
Une accusation d'agression sexuelle datant de 2017 en Californie a également émergé en novembre. Aucune plainte n'avait été déposée à l'époque et l'ancien militaire dément toute relation non consentie.
Pete Hegseth est aussi soupçonné d'avoir une consommation d'alcool régulièrement excessive. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren, membre de la commission des forces armées, a décrié la semaine dernière «un gars qui s'est retrouvé tellement bourré à des événements professionnels qu'il a eu besoin à plusieurs reprises d'être porté à l'extérieur». «Est-ce que l'on peut vraiment compter sur le fait d'appeler Hegseth à deux heures du matin pour prendre des décisions de vie ou de mort concernant la sécurité nationale? Non», a-t-elle asséné.
Trump veut maintenir son choix
Malgré les polémiques, Donald Trump avait déclaré début décembre maintenir son choix et assuré que l'ancien présentateur de Fox News était un «gagnant». Le futur président américain a déjà dû faire face au retrait forcé de Matt Gaetz, son choix initial pour le ministère de la Justice, face à l'opposition de nombreux sénateurs jusque dans le camp conservateur.
Alors que pour son premier mandat Donald Trump s'était largement reposé sur l'establishment républicain pour nommer des hommes et femmes d'expérience à des postes-clés, le président élu a cette fois-ci surtout choisi des fidèles et des soutiens financiers.
Après Pete Hegseth, les auditions continueront au Sénat dans les jours et semaines à venir. Kristi Noem, désignée par Donald Trump au ministère de la Sécurité intérieure, est attendue mercredi matin, tout comme Pam Bondi, à la Justice, et Marco Rubio, désigné comme prochain chef de la diplomatie américaine. D'autres nominations controversées, telles celles de Robert F. Kennedy Jr à la Santé et Kash Patel au FBI, ne sont pas attendues avant février.
L'audition de Pete Hegseth survient quelques heures après la publication d'un rapport final du procureur spécial Jack Smith qui affirme que Donald Trump, s'il n'avait pas remporté la présidentielle en novembre, aurait été condamné pour tentatives illicites d'inverser les résultats du scrutin de 2020.