«Qu'ils rentrent tous chez eux!»
La culture européenne de l'accueil se transforme déjà en plan d'expulsion

En raison de l'insécurité qui règne dans leur pays, de nombreux Syriens n'osent pas encore rentrer chez eux. Mais la pression sur eux s'accroît. Même l'Allemagne, pays d'accueil, veut se débarrasser d'eux. Et qu'en est-il des autres pays européens? Tour d'horizon.
Publié: 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 06:17 heures
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L'ancienne chancelière allemande Angela Merkel en 2015 lors d'un selfie avec un réfugié syrien.
Photo: Getty Images
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Guido Felder

A peine Bachar al-Assad est-il tombé que les premiers pays européens préparent le renvoi des Syriens. L'Autriche, en tête, travaille déjà sur un plan d'expulsion. L'Allemagne veut également accélérer leur retour au pays. Les représentants de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) proposent même une récompense spéciale pour les retours volontaires.

Pourtant, on ne sait pas comment la situation évoluera sous un nouveau régime en Syrie. Les expulsions «subito», comme le demande par exemple l'Union démocratique du centre (UDC), ne sont pas envisageables pour le moment, selon les experts. 

Une situation stable dans un an?

Actuellement, environ 1,6 million de Syriens vivent en Europe. Quand sera-t-il réellement possible de penser à les renvoyer? Reinhard Schulze, expert du Proche-Orient, ose une estimation. «Je pense qu'il faudra attendre un an pour savoir dans quelle mesure le nouvel ordre sera juridiquement sûr, stable et viable.»

Actuellement, environ 90% des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté en Syrie. Pour une famille, il se situe à environ 200 dollars, ce qui correspond au revenu mensuel moyen. La monnaie syrienne n'a pratiquement aucune valeur.

Le plan des pays européens

Au sein de plusieurs nations européennes, comme la Grande-Bretagne, la Norvège ou l'Italie les procédures d'asile sont suspendues. Des plans sont en cours d'élaboration pour savoir comment rapatrier les réfugiés. 

Autriche: C'est le pays qui s'active le plus. Le chancelier du Parti populaire (ÖVP) Karl Nehammer a annoncé un plan d'expulsion au journal «Bild». Tout d'abord, il faut redonner selon lui le goût du retour aux Syriens. A côté de cela, une liste de rapatriements forcés est déjà en préparation. Elle sera utilisée lorsque la situation en Syrie se sera stabilisée. Les délinquants et les personnes qui ne souhaitent pas s'intégrer ou travailler seront prioritaires. Environ 100'000 Syriens vivent en Autriche, c'est la deuxième plus grande diaspora en Europe.

Allemagne: Il y a neuf ans, lorsque les Syriens ont afflué en Europe, beaucoup avaient un objectif bien précis: «Nous voulons rejoindre Angela Merkel.» Aujourd'hui, 974'000 Syriens vivent en Allemagne, dont la culture de l'accueil est définitivement de l'histoire ancienne. Jens Spahn, vice-président de la CDU et ancien ministre de la Santé, propose d'offrir un vol gratuit aux candidats au retour et de leur mettre 1000 euros dans leur valise. La CDU devrait remporter les élections le 23 février et donc jouer un rôle déterminant sur ce sujet.

La Suède: La Suède a également été une destination privilégiée des Syriens en raison de sa politique d'asile ouverte. Sur les 162'877 demandeurs d'asile enregistrés en 2015, 51'338 venaient de Syrie. En raison de la «situation fragile» dans le pays, le traitement des demandes a été suspendu.

Danemark: En 2020 déjà, le pays avait commencé à réexaminer des centaines de cas de quelque 30'000 Syriens en raison de l'apaisement de la situation en Syrie. Il n'y a cependant pas eu d'expulsions.

France: Une décision sur la suspension des procédures sera bientôt prise. En France, environ 45'000 Syriens ont obtenu l'asile.

Suisse: Environ 28'000 Syriens vivent en Suisse. Les quelque 500 procédures d'asile en cours seront suspendues. Pour les Syriens bénéficiant d'un statut de protection provisoire, rien ne se passe à court terme, mais cela pourrait changer si la Syrie est classée comme pays sûr. D'une manière générale, les retours volontaires peuvent bénéficier d'une aide financière qui peut aller jusqu'à 5000 francs pour une famille.

Pour le président de l'UDC Marcel Dettling, la Suisse n'agit pas avec assez de fermeté. «Si les Syriens en Suisse se réjouissent de la fin de Bachar al-Assad, qu'ils rentrent tous, mais subito!»

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