Une grande fête pour ses fans: c'est comme ça qu'était vendu le «Victory Rally», le meeting de la victoire de Donald Trump à Washington, organisé dimanche, à la veille du retour du républicain à la Maison Blanche.
A l'intérieur de la Capital One Arena, la fête fut certes belle. Dehors en revanche, de nombreux supporters sont restés sur le carreau, frustrés, alors qu'ils avaient bravé la pluie et le froid glacial pendant de nombreuses heures.
L'ambiance était pourtant bonne dimanche matin aux abords de l'enceinte qui sert habituellement de patinoire au club de hockey sur glace des Washington Capitals. Alors que le mercure dépassait à peine 0°c, des fans munis de vestes d'hiver, de ponchos et de bonnets rouges floqués «Trump», s'étaient massés en attendant patiemment le début du meeting, fixé à 15 h (heure locale).
«Nous avons rencontré beaucoup de gens sympathiques et nous avons fait la fête avec eux», raconte Kimberly, 37 ans, venue tout droit de Los Angeles. «La file d'attente s'est transformée en fête», raconte pour sa part Maggie Frost, une supportrice de Trump originaire de Severn, Maryland. «Nous avons chanté et eu de bonnes discussions.»
Des kilomètres de files d'attente
Mais à partir de 10h, les files d'attente avaient déjà atteint plusieurs kilomètres, longeant une multitude de pâtés de maisons. Des policiers de la ville de Washington et des soldats de l'armée ont donc dû intervenir pour maitriser cette gigantesque masse humaine au sein de laquelle se trouvaient également des enfants et des personnes âgées nécessitant un déambulateur.
Pendant des heures, la file n'a pas avancé d'un iota. Dans l'e-mail officiel de l'organisation, l'ouverture des portes était annoncée pour 11 heures. D'autres informations faisaient cependant état d'une entrée possible à partir de 13 heures.
Les fans de Trump plaisantent… sur Trump
Dans un premier temps, l'attente semble avoir été plutôt bien vécue par la foule, bien aidée par les nombreux vendeurs de rue qui n'ont eu de cesse de proposer des casquettes, des gants, des couvertures et des T-shirts arborant des slogans insolents sur Trump comme «I'm back, b*tches!» («Je suis de retour bande de sal*pes»).
Les fans, eux, se plaisaient à imiter leur idole et à enchaîner les blagues: «Cette fois, ne prenons pas d'assaut le Capitole, mais la Capital One Arena!» Nombre d'entre eux trépignaient d'impatience à l'idée voir Trump en personne pour la première fois de leur vie.
Colère contre les bousculeurs
Pendant de ce temps, la pluie et la neige ont continué leur œuvre, refroidissant les pieds des personnes massées dans la file d'attente, qui n'avait absolument pas rétréci à 13 heures.
Ce n'est qu'aux alentours de 14h30 que les choses ont commencé à bouger. Les gens se sont mis à avancer lentement, puis de plus en plus vite. La queue s'élargit et se resserre par à-coups.
La situation est alors devenue dangereuse: ne pouvant résister face à cette foule beaucoup trop dense, les barrières de sécurité ont commencé à tomber. Les gens se sont retrouvés complètement désorientés, sans avoir la moindre idée du chemin à prendre pour se rendre au stade. Les informations, elles, brillaient par leur absence. Sollicités à maintes reprises par des fans de Trump complètement perdus, policiers et soldats semblaient eux aussi dans l'ignorance la plus totale.
Puis, à quelques centaines de mètres du contrôle de sécurité de la patinoire, la foule a commencé à se disperser. L'enthousiasme avait définitivement laissé place à la déception et à la colère, face à ce manque criant d'organisation.
«C'est très frustrant»
«Nous ne sommes arrivés qu'à midi», raconte Danielle Messer, 29 ans, orginaire de Gainesville, en Géorgie. «Mais tout à coup, nous nous sommes retrouvés avec des gens qui étaient déjà là depuis 6 heures», poursuit-elle. «A la fin, c'était le chaos complet.» Et de conclure: «C'est très décevant.»
«C'est très frustrant», renchérit Kendra Foley, 51 ans, qui a fait le déplacement depuis Waynesville, dans l'Ohio. «Nous avions prévu cette visite depuis longtemps et nous nous en réjouissions tellement.» Pour les deux femmes, il est évident que le gouvernement municipal de Washington D.C. est responsable de ce chaos. «Si Trump était déjà président, les choses auraient été différentes», affirme Kendra Foley.
«Nous ne blâmons pas Trump»
A 8 heures du matin, Jayme Luzzi, 49 ans, et Jeffrey Skiendziul, 41 ans, de Little Egg Harbor, dans le New Jersey, étaient déjà dans la queue. Pourtant, ils ont eux aussi manqué le meeting. «A la fin, ce n'était plus safe pour les gens», explique Jayme Luzzi. «En cas d'urgence médicale, quelqu'un aurait pu mourir.» Ils l'assurent: l'accès à la manifestation aurait dû être beaucoup mieux organisé.
«A la fin, de nombreuses personnes se sont mises en colère parce que d'autres s'étaient glissées dans la file d'attente», explique Jeffrey Skiendziul. Il dénonce un manque d'informations et de mesures de sécurité. «Mais nous ne blâmons pas Trump», souligne Jayme Luzzi, qui espère que l'organisation sera meilleure le lendemain, pour l'investiture.
Trump danse sur «Y.M.C.A.»
Ces péripéties n'ont toutefois pas empêché Donald Trump de fêter sa victoire comme il se doit. Celui qui deviendra lundi le 47e président des Etats-Unis est monté sur scène à 17h. Après avoir promis un «nouvel âge d'or», à coups d'expulsions massives de migrants et de coupes drastiques dans les dépenses publiques, il y est allé de son désormais célèbre pas de danse sur l'air de «Y.M.C.A.», interprété spécialement pour l'occasion par les Village People.
Quant aux fans qui n'ont pas pu entrer, ils se sont contentés d'observer le spectacle sur des écrans installés à l'extérieur du stade ou sur leurs téléphones portables.