Alors que Christophe Ruggia soutenait à la barre avoir tenté de protéger Adèle Haenel lors de ses débuts dans le cinéma, l'actrice s'est soudainement levée, tapant ses mains sur la table devant elle avant de hurler «mais ferme ta gueule !», et de quitter la salle d'audience.
Adèle Haenel, 35 ans, et qui s'est depuis mise en retrait du cinéma, venait de refaire une courte déclaration à la barre. «Tout le monde me demande de pleurer sur le sort de Christophe Ruggia. Mais qui s'est soucié de l'enfant? Agresser des enfants comme ça, ça ne se fait pas. Ça a des conséquences. Personne n'a aidé cette enfant», a-t-elle ajouté, la voix tremblante.
12 ans au moment du tournage
Le tribunal a ensuite appelé Christophe Ruggia, lui demandant de réagir. «J'avais conscience dès le départ de la complexité de ce film.», a commencé le réalisateur, au sujet de son long-métrage «Les Diables» dans lequel Adèle Haenel a joué le rôle principal quand elle avait 12 ans, en 2001. «On est bien d'accord qu'Adèle Haenel ne vous reproche pas les conditions du tournage mais l'après», l'a interrompu le président.
Le réalisateur de 59 ans, ventre bedonnant sous une veste grise, petite barbe, a assuré qu'il avait essayé de l'aider, notamment dans sa vie «au collège» où elle pouvait subir des moqueries. «Je lui ai dit de prendre un pseudonyme», a-t-il avancé, avant d'être interrompu par le cri d'Adèle Haenel.
Après une petite demi-heure d'absence, l'actrice est revenue dans la salle d'audience, s'asseyant, visage fermé, au bout du banc des parties civiles.
5 ans de prison requis, dont 2 fermes
Une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme, a été requise mardi contre Christophe Ruggia. La procureure a demandé que la partie ferme de cette peine soit directement aménagée sous bracelet électronique, ce qui veut dire que Christophe Ruggia n'irait pas en prison.
Elle a aussi requis une inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles, une interdiction d'entrer en contact avec la victime, et une obligation de l'indemniser.
C'est la fin du procè Ruggia. Le tribunal correctionnel de Paris rendra son jugement le 3 février.