Poutine refuse
L'Ukraine demande à la Russie de récupérer ses morts

La Russie refuse de récupérer ses hommes tombés au combat. Pourquoi? L'une des raisons est une question d'image: Vladimir Poutine essaie de cacher l'ampleur réelle des pertes de l'armée russe.
Publié: 17.04.2022 à 19:20 heures
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Les Ukrainiens demandent à la Russie de venir chercher leurs soldats morts au combat.
Photo: keystone-sda.ch
Carla De-Vizzi

Sa guerre éclair s'est transformée en bourbier. «L'opération militaire spéciale» de Vladimir Poutine s'enlise depuis plus d'un mois en Ukraine, et les pertes semblent être considérables. Il est toutefois impossible de savoir exactement combien de soldats russes sont tombés, car le Kremlin fait tout son possible pour dissimuler ses pertes.

Les estimations occidentales, plus sobres que les annonces ukrainiennes (elles aussi stratégiques), se chiffrent néanmoins en milliers de morts. Si l'on en croit le conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky Oleksiy Arestovych, cité par le «Washington Post», il y aurait des preuves pour étayer cette thèse: des morgues surchargées de soldats russes en Biélorussie. Selon lui, près de 7000 corps sans vie s'entasseraient dans des wagons réfrigérés et des mortuaires. Comme le rapporte le journal allemand «Bild», ces morts ne seraient en fait pas rapatriés en Russie.

Les mères invitées à récupérer leurs fils tombés au combat

Les Ukrainiens eux-mêmes auraient des centaines de morts russes sur les bras. Au point que la ville ukrainienne de Dnipro a même appelé les familles russes à venir chercher leurs proches tombés au combat.

Les dépouilles de quelque 1500 soldats russes seraient conservées dans les morgues de la ville, selon le vice-maire Mikhaïl Lysenko cité par le média russophone «Nastoyashcheye Vremya», financé par Washington. Le vice-maire espère que «des mères russes viendront chercher leurs fils».

Poutine craindrait un bouclier humain

Il est toutefois peu probable que le Kremlin laisse des civils russes franchir la frontière pour aller chercher les dépouilles de soldats. Dnipro se trouve à la frontière des régions orientales de l'Ukraine et pourrait donc, selon les observateurs, devenir la cible de Poutine.

Si les familles russes venaient chercher leurs proches tombés dans la ville, la Russie craint que ces dernières ne soient retenues en otage pour servir de bouclier humain, ce qui exclurait presque toute attaque.

Par ailleurs, un rapatriement des corps en bonne et due forme reviendrait, pour Poutine, à admettre l'ampleur des pertes humaines auprès de son peuple, comme du monde entier.

Jusqu'à 40'000 soldats russes blessés ou tués

Plus les corps seront rapatriés en Russie, plus l'édifice de mensonges de Poutine menace de s'effondrer. Si les Russes connaissaient le nombre réel de leurs compatriotes tués, cela pourrait coûter au Kremlin l'approbation de la population pour son «opération spéciale» en Ukraine.

La semaine dernière, le Kremlin a néanmoins – pour la première fois – reconnu des pertes «importantes» en Ukraine. Il n'a toutefois pas donné de chiffre concret. Quelques jours auparavant, la Russie avait encore affirmé n'avoir perdu que 1351 soldats. 3825 personnes auraient été blessées, selon la même source.

L'Ukraine, en revanche, parle de plus de 19'000 soldats russes tués. L'OTAN estime que sur les 150'000 à 200'000 soldats russes présents en Ukraine, 30'000 à 40'000 ne sont plus en état de combattre. Cela signifie qu'ils ont été tués, blessés ou capturés.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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