L'offensive ukrainienne en cours sur le front donne du fil à retordre à l'armée de Vladimir Poutine. Ce lundi, les troupes ukrainiennes ont réussi à s'emparer de l'important village de Robotyne. Cette avancée n'est peut-être qu'un début. Car ce village est une étape clé sur la route de Zaporijjia. En le perdant, la Russie pourrait perdre la Crimée. Tout ceci alors que d'âpres combats se déroulent en parallèle dans l'oblast de Donetsk.
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L'étau se resserre donc autour de l'armée russe, d'autant plus qu'elle manque cruellement de soldats. Ce sont surtout les troupes d'élite, actuellement transférées d'une zone de combat à l'autre en Ukraine, qui font défaut: «Bien sûr, c'est embarrassant et démoralisant pour Poutine si l'Ukraine récupère du territoire, explique Gustav Gressel, expert militaire et de la Russie, à T-Online. Mais il n'a pas les ressources nécessaires pour s'y opposer.»
Selon le ministère britannique de la Défense, ce manque de ressources pourrait contraindre la Russie à annuler l'exercice militaire Zapad (Ouest, en français) prévu en septembre. Celui-ci devait pourtant être le point culminant de l'année de formation militaire. Cela prouve donc aussi à quel point les soldats russes et l'équipement militaire sont limités.
Poutine devant le fait accompli?
Seulement voilà, Zapad n'est pas un exercice que Poutine peut se permettre de laisser passer. Ces manœuvres, qui ont lieu depuis 1981, au plus fort de la guerre froide, visent à contrer la menace de l'OTAN. L'exercice se déroule sur les territoires biélorusse et russe. En 2017, par exemple, 12'700 soldats y ont participé. 25 avions et 680 véhicules de combat ont été utilisés pour s'entraîner en cas d'urgence, à savoir une attaque de l'Ouest.
Selon les données du centre Oryx, 2082 chars russes ont été détruits, endommagés, abandonnés ou capturés l'année dernière sur le front ukrainien. 40% des chars soviétiques sont en service sur le champ de bataille. Vladimir Poutine n'a donc guère de matériel à mettre à la disposition des soldats pour un exercice.
Avec Zapad, Poutine souhaite chaque année montrer aux yeux du monde la force de frappe de l'armée russe, comme à l'époque de l'Union soviétique. Mais sans troupes ni chars, pas de spectacle. Pire encore: les hauts responsables russes pourraient perdre confiance en l'armée à la vue d'un exercice militaire moins pompeux. Ils pourraient alors se rendre compte des effectifs insuffisants, et cela ne passerait pas au Kremlin.
Le pari des drones
Vladimir Poutine doit donc changer sa tactique militaire éprouvée. Vadim Skibitsky, représentant du service de renseignement de la défense de l'Ukraine en est convaincu. Selon lui, les Russes ont toutefois déjà amélioré leur taux de réussite en parvenant à mieux esquiver la défense aérienne ukrainienne.
Vadim Skibitsky estime que Poutine attend que le soutien occidental à l'Ukraine s'effondre tôt ou tard. «Dans ce cas, il gagnera», affirme-t-il. En attendant, le président russe a recours à une tactique qui lui a déjà permis de gagner du temps l'hiver dernier: des attaques de drones sur des structures énergétiques. Selon le représentant ukrainien, seuls dix à trente missiles seront utilisés lors des prochaines attaques et ils seront surtout accompagnés de drones iraniens Shahed. Depuis peu, le Kremlin fabrique aussi ses propres drones kamikazes, sur le modèle iranien.
Selon l'Institute for the Study of War (ISW), ces drones sont l'arme de précision la plus efficace de Poutine. L'hiver dernier, il avait déjà utilisé une combinaison de drones et de missiles pour plonger l'Ukraine dans l'obscurité et le froid.
