Cet accord ne résout cependant pas la question des plaques d’immatriculations des voitures des Serbes du Kosovo, dont le changement pour des plaques kosovares exigé par Pristina avait provoqué un nouvel accès de violence en juillet.
A la suite des négociations pilotées par l’UE, Pristina consent à ne pas introduire au 1er septembre, comme c’était son intention, des permis de séjour pour les personnes entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe, a indiqué Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne sur Twitter, assurant avoir «reçu des garanties» du Premier ministre kosovar Albin Kurti.
Suppression du permis de séjour
En échange, le président serbe Aleksandar Vucic a accepté de supprimer le permis de séjour que Belgrade imposait aux visiteurs détenteurs d’une carte d’identité kosovare pour entrer en Serbie.
Désormais, les autorités serbes et kosovares devraient donc reconnaître mutuellement leurs cartes d’identité. L’annonce de Josep Borrell a été aussitôt saluée par le chef du bureau du gouvernement serbe pour le Kosovo, Petar Petkovic.
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«Assurer la paix et la stabilité»
Avec cet accord, «nous avons réussi à assurer la paix et la stabilité sur le territoire du Kosovo et à préserver les cartes d’identité serbes pour les Serbes» vivant au Kosovo «et donc aussi la présence de l’Etat de Serbie sur ce territoire», a déclaré Petar Petkovic dans un communiqué.
Belgrade n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée par son ancienne province à majorité albanaise en 2008, une décennie après une guerre sanglante qui a fait 13'000 morts, en majorité des Kosovars albanais.
Demande de réciprocité
Depuis, la région est le théâtre de frictions épisodiques. Les quelque 12’000 Serbes du Kosovo, dont un tiers vit dans le nord du territoire, ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina, restant fidèles à Belgrade.
A Pristina, le Premier ministre kosovar Albin Kurti s’est félicité de la conclusion d’un accord sur la base de «réciprocité». «Les solutions de normalisation doivent comporter la réciprocité, car les relations de bon voisinage l’impliquent», a-t-il écrit sur Facebook.
Pour accepter ce compromis, la Serbie a exigé qu’un avis explicatif soit affiché aux postes-frontières, que Belgrade qualifie de «passages administratifs».
Le texte de cet avis stipulera que cette mesure a été décidée «uniquement pour des raisons pratiques» et qu’elle «ne peut pas être interprétée comme une reconnaissance de l’indépendance unilatéralement proclamée du Kosovo», selon Petar Petkovic.
Plaques d’immatriculation en suspens
En revanche, aucun compromis n’a été trouvé samedi concernant la mesure kosovare sur les plaques d’immatriculation, a regretté Josep Borrell.
Outre le permis de séjour imposé à ses frontières, Pristina avait également décidé en juillet d’exiger des Serbes du Kosovo qu’ils remplacent les plaques d’immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo.
A l’annonce de ces mesures, les Serbes du nord du Kosovo avaient dressé des barricades près des passages frontaliers et bloqué la circulation. Sous pression des Etats-Unis, Pristina avait reporté leur mise en œuvre au 1er septembre.
«Le travail n’est pas terminé, certains problèmes sont toujours en suspens. J’attends des deux dirigeants qu’ils continuent à faire preuve de pragmatisme et d’esprit constructif afin de résoudre le problème des plaques», a déclaré Josep Borrell.
Président serbe pessimiste
A défaut d’un accord sur les plaques d’immatriculation, les Serbes du Kosovo auront, à partir du 1er septembre, un délai de deux mois pour remplacer leurs plaques, selon la décision de Pristina. Le président serbe Aleksandar Vucic reste toutefois pessimiste quant à la possibilité de parvenir à un accord dans ce dossier.
S’exprimant samedi matin en conférence de presse, il a expliqué que le différend sur les cartes d’identité n’était qu’un «moindre problème» et que celui des plaques était «beaucoup plus compliqué».
«La crise se poursuit de toute façon, elle s’aggrave», a-t-il mis en garde. L’Otan a averti mi-août que sa force de maintien de la paix au Kosovo était «prête à intervenir si la stabilité était menacée» et à renforcer ses effectifs si nécessaire, pour «rétablir la liberté de circulation» en cas de blocages et de nouvelles violences.
(AFP)