Polémique nationale en France
A Grenoble, les femmes pourront se baigner en burkini... ou seins nus

Le conseil municipal de Grenoble a validé lundi une modification du règlement intérieur des piscines de Grenoble se traduisant par l'autorisation du port du burkini. Un sujet qui a suscité une polémique politique nationale.
Publié: 16.05.2022 à 21:53 heures
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Dernière mise à jour: 17.05.2022 à 07:18 heures
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Après deux heures et demi de débats et à l'issue des votes, les membres de l'association pro-burkini «Alliance Citoyenne» ont laissé éclaté leur joie.
Photo: AFP

La délibération a été adoptée avec une courte majorité de 29 voix pour, 27 contre et deux abstentions, au terme de deux heures et demi de débats parfois tendus.

Le maire écologiste grenoblois Eric Piolle a balayé les objections de l'opposition, en invoquant un combat «féministe», de santé et de «laïcité» parce que rien n'interdit le port de vêtements religieux dans l'espace public, «y compris à la piscine».

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«Soumission à l'islamisme»

La ville de Grenoble, au pied des Alpes et dirigée par les écologistes, a relancé lundi à l'approche de l'été la polémique en France sur un sujet ultra-sensible et clivant.

La mairie de cette ville de quelque 158'000 habitants dirigée par l'écologiste Eric Piolle a souhaité modifier le code vestimentaire dans les piscines et y autorise désormais le burkini (un maillot de bain couvrant le corps et la tête, créé en Australie en 2004), et le monokini.

Le sujet polarise depuis plusieurs mois la classe politique française. Pour ses opposants, le burkini constitue un symbole flagrant d'oppression de la femme et s'apparente au voile intégral que les talibans viennent de réimposer à la gent féminine en Afghanistan.

Le président conservateur de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où se trouve Grenoble, Laurent Wauquiez, avait accusé début mai le maire de Grenoble de «soumission à l'islamisme», dans un pays terrassé par plusieurs attentats islamistes et où la question communautaire fait rage.

Les femmes pourront aussi être seins nus

Le règlement intérieur des piscines municipales exigeait jusqu'à présent des usagers une «tenue décente» et «une attitude correcte». Pour des questions d'hygiène, le short long est généralement prohibé.

Désormais, la longueur des maillots ne sera plus limitée, a expliqué l'adjointe aux Sports Céline Mennetrier. Il permettra ainsi aux femmes de se baigner seins nus et à tous les baigneurs de porter un maillot les protégeant du soleil.

En France, le burkini n'était jusqu'à présent autorisé dans les piscines d'une seule autre grande ville, à Rennes (ouest) depuis 2018.

L'État s'en mêle

En quelques semaines, et alors qu'approchent des élections législatives les 12 et 19 juin, le débat sur le burkini a viré à la tempête politique, les deux camps s'affrontant à coups de tribunes, pétitions et prises de position musclées.

L'État français s'en est aussi mêlé en faisant savoir dimanche qu'il demanderait à la justice d'annuler cette autorisation du burkini si elle devait être adoptée.

L'«objectif manifeste est de céder à des revendications communautaristes à visées religieuses», selon un communiqué du représentant local de l'État qui ajoute que le texte «paraît contrevenir au principe de laïcité posé par la loi de 1905».

Le maire de Grenoble fait «du mal» aux «valeurs républicaines» avec ce projet «absolument grave», a estimé pour sa part lundi une porte-parole du parti du président Emmanuel Macron.

«Quand on rentre dans une piscine municipale, tout citoyen doit respecter les règles», a ajouté Prisca Thévenot. Or, «là, on viendrait déroger à la règle pour répondre à une volonté politique religieuse.»

Le voile crispe aussi dans le football

Dans l'autre camp, une centaine de personnalités dont des féministes de renom, ont publié une tribune de soutien: «les femmes musulmanes ont autant leur place à la piscine» que les autres citoyens et «personne ne doit être stigmatisée jusque dans les bassins en raison de son choix de maillot.»

Le texte a été rédigé par la controversée association Alliance Citoyenne, organisatrice de plusieurs opérations coup de poing dans les piscines grenobloises en faveur du port du burkini, depuis mai 2019.

Fondée en 2012 à Grenoble, Alliance Citoyenne est aujourd'hui présente dans d'autres villes françaises, et soutient le collectif de joueuses de football voilées les «Hijabeuses», mobilisées contre la Fédération française de football (FFF), qui interdit le port du voile en compétition.

Le voile est un sujet de crispation récurrent pour la société française, alors que la population de confession ou de tradition musulmane sur son territoire métropolitain a très fortement augmenté depuis l'après-guerre, pour atteindre près de 9% de la population.

(ATS)

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