Polémique en Belgique
Quatre écoles incendiées par des opposants à l'éducation sexuelle

Alors que la Belgique est en plein psychodrame sur l'éducation sexuelle, des écoles ont été la proie d'incendies. En toile de fond: beaucoup de désinformation et l'obscurantisme religieux qui voit pour une fois s'unir musulmans et catholiques intégristes.
Publié: 13.09.2023 à 15:54 heures
|
Dernière mise à jour: 13.09.2023 à 16:11 heures
Photo: AFP
AFP

La justice belge vient d'ouvrir une enquête pour «incendies criminels», après des départs de feu constatés dans la nuit de mardi à mercredi dans quatre écoles prises pour cibles par des opposants à un cours d'éducation sexuelle qui suscite depuis plusieurs jours une polémique en Belgique francophone.

Les faits se sont produits à Charleroi, dans le sud du pays. Des inscriptions hostiles à ce programme scolaire tout juste officiellement adopté par décret ont été découvertes dans les quatre écoles de niveau maternel et primaire, a précisé à l'AFP Vincent Fiasse, procureur de la ville, qui pilote l'enquête.

«No Evras», mentionnaient des inscriptions en noir sur plusieurs murs, d'après des images des télévisions belges.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Catholiques et musulmans main dans la main

Un sigle qui fait référence à «l'Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle», un cours de deux heures par an pour deux classes d'âge destiné à répondre aux questions des élèves sur ces sujets sensibles.

Mais depuis la rentrée scolaire, le programme suscite une fronde sur les réseaux sociaux et des appels à manifester provenant de milieux ultra-conservateurs, notamment d'associations islamiques et de Civitas (catholiques intégristes).

Caroline Désir, la ministre francophone de l'Education, a dénoncé «une campagne de désinformation» destinée selon elle à «attiser la suspicion» et «faire peur aux parents».

Pas de cours de masturbation

«On ne va évidemment pas encourager une hyper-sexualisation chez les jeunes, ni susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre. J'ai lu qu'on allait 'apprendre aux enfants à se masturber', c'est complètement inadmissible de faire peur aux parents sur ce sujet», a déclaré Caroline Désir la semaine dernière à la RTBF.

Mercredi, son cabinet a refusé de commenter les actes de vandalisme à Charleroi. Mais le bourgmestre Paul Magnette, qui est aussi président du Parti socialiste francophone, a fustigé «une forme de terrorisme», «des actes barbares», et promis que la police ferait «le maximum pour retrouver le ou les auteurs de cette infamie».

Éviter le sexisme et les stéréotypes

Sur le réseau X (anciennement Twitter) il a évoqué quatre «tentatives d'incendie volontaire», saluant l'intervention rapide des pompiers qui a permis de limiter les dégâts.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Le cours «Evras», présenté par Caroline Désir comme «une animation» de deux heures par des intervenants extérieurs agréés, concerne les élèves du sixième niveau de primaire (11-12 ans) et ceux du quatrième niveau de secondaire (15-16 ans).

Obligatoire depuis 2012, il n'était jusque-là pas systématiquement assuré faute de moyens. Son but est de «rassurer les élèves sur des questions qu'ils se posent à la puberté» et de les «protéger de situations potentiellement dangereuses ou problématiques», a insisté la ministre, citant «sexisme, violences sexuelles, stéréotypes de genres».

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la