Ni progrès ni portes qui claquent: à deux jours du terme de la COP16 sur la biodiversité en Colombie, seuls le temps orageux de Cali et les échos des tensions nord-sud sur le financement préservent le sommet de l'engourdissement.
Les pourparlers ont débuté le 21 octobre et sont censés se finir vendredi. Ils ont pour but d'assurer la réalisation d'une feuille de route adoptée par l'ONU il y a deux ans pour arrêter d'ici à 2030 la destruction du vivant par l'humanité.
L'accord de Kunming-Montréal a fixé 23 objectifs pour répondre à la crise de la nature, menacée par la déforestation, la surexploitation, le changement climatique et la pollution: placer 30% des terres et des mers dans des aires protégées, réduire de moitié les risques des pesticides et l'introduction des espèces invasives, mobiliser 200 milliards de dollars par an pour la nature, etc.
Le financement au cœur des débats
Mais à six ans du but, seuls 39 des 196 pays (sans les Etats-Unis) de la convention sur la diversité biologique (CDB) ont établi un plan national pour appliquer l'accord et 117 ont soumis des engagements sur tout ou partie des objectifs, selon le décompte officiel mercredi. A Cali, c'est la manière dont les pays riches vont verser 20 milliards de dollars par an d'aide au pays en développement d'ici à 2025 pour appliquer l'accord qui commande les débats.
«Évidemment, la finance est essentielle, mais la finance ne suffit pas», a rappelé mercredi le secrétaire général de l'ONU António Guterres. Ce dernier est venu à Cali pour stimuler les débats, avec cinq chefs d'Etat et une centaine de ministres.
«Le temps presse»
Il faut surtout remédier au fait de «négliger en permanence» la biodiversité «par rapport à nos efforts liés aux changements climatiques», a-t-il ajouté. «Le temps presse. La survie de la biodiversité de notre planète et notre propre survie sont en jeu», a déclaré le chef de l'ONU, exhortant les pays à «accélérer» les progrès.
Aucune décision majeure n'a été adoptée et la présidence colombienne, chargé de dessiner des compromis, a annulé mardi sa conférence de presse pour faire le point. Le point de friction majeur est celui de la création ou non d'un nouveau fonds multilatéral pour accueillir l'aide des pays riches. Les pays en développement estiment que les fonds actuels sont trop difficiles d'accès et inéquitables.