La cheffe de la diplomatie européenne Ursula von der Leyen a adopté un ton combatif lorsqu'elle a annoncé mi-février de nouvelles sanctions contre la Russie. Elle a déclaré que Poutine prenait impitoyablement pour cible des civils dans sa guerre et qu'il devait en être tenu pour responsable. «Et c'est pourquoi nous resserrons les boulons avec un dixième paquet de sanctions.»
Les biens industriels sont dans la ligne de mire de ce dixième paquet, comme les antennes, les pièces de rechange pour les camions, ou encore les grues. En Suisse, le Conseil fédéral décidera ces jours-ci de reprendre les sanctions. Selon les informations de Blick, les nouvelles mesures ne comportent pas de points litigieux. Il s'agit donc d'une simple formalité.
Le fait que la Suisse reprenne à l'identique les sanctions de l'UE déchaîne l'UDC. «Nous rejetons ce paquet de sanctions», a déclaré le chef de groupe Thomas Aeschi. Et son collègue de parti Thomas Matter d'ajouter: «Nous sommes généralement contre les sanctions, sauf si elles viennent de l'ONU.» Selon le conseiller national zurichois, prendre des mesures unilatérales dans un conflit fait sortir le pays de la neutralité. «C'est à cela que nous nous opposons avec l'initiative sur la neutralité.»
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«Nous pensons avoir fait tout ce qui était de notre compétence»
Au Secrétariat d'État à l'économie (Seco) à Berne, les sanctions entraînent un net surcroît de travail. Lorsque l'UE annonce un nouveau paquet, les téléphones ne s'arrêtent plus de sonner. En mars 2022, le service compétent a été renforcé en interne et deux mois plus tard, le Conseil fédéral a accordé cinq postes supplémentaires. Selon le porte-parole Fabian Maienfisch, douze personnes travaillent actuellement à la mise en œuvre des sanctions contre la Russie rien qu'au Seco.
Mais pour Scott Miller, ambassadeur des Etats-Unis à Berne, ces efforts ne suffisent pas. Dans une interview avec la «NZZ», il a attaqué frontalement le Seco: «C'est surtout le Seco lui-même qui pense en faire assez, a-t-il déclaré. Mais cela n'est pas étonnant dans un pays qui a historiquement peu d'expérience en matière de sanctions». La cheffe du Seco Helene Budliger Artieda s'est défendue auprès du SonntagsBlick: «Nous pensons avoir fait tout ce qui était de notre compétence.»
130 demandes par semaine
Ce qui est particulier dans la surveillance et l'exécution des sanctions contre la Russie, c'est leur ampleur: chaque semaine, le Seco reçoit environ 130 demandes, et depuis mars 2022, il a traité plusieurs milliers de cas. Outre le secteur financier, de nombreuses entreprises du secteur industriel sont désormais concernées. Un exemple: des petites entreprises sans service juridique propre qui fabriquent des pièces de rechange pour des machines quelque part dans l'Emmental, et qui ne savent pas si elles peuvent encore exporter ou non.
Stefan Brupbacher est directeur de Swissmem, l'association faîtière de l'industrie des machines. Il raconte: «Cela impacte beaucoup certaines entreprises.» Ce sont surtout les entreprises qui ont beaucoup investi sur le marché russe qui vont ressentir les sanctions. «Elles doivent maintenant trouver de nouveaux marchés.»
Stefan Brupbacher concède: «L'attaque de la Russie contre l'Ukraine représente une césure pour la sécurité sur le continent européen. Swissmem a toujours soutenu les sanctions.» Il ne s'inquiète finalement pas pour la place industrielle suisse: «L'industrie est habituée à réagir avec agilité aux nouveaux défis.»