Le 25 novembre, environ deux douzaines de membres de la droite allemande se sont réunies dans un hôtel de campagne près de Potsdam. Parmi elles, des politiciens de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) et des extrémistes de droite. Lors de cette assemblée prétendument secrète, les participants ont discuté d'un «plan directeur» pour l'expulsion des migrants, mais aussi des personnes ayant un passeport allemand. C'est ce que révèlent les recherches de Correctiv.
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Les participants ont été invités à cette réunion exclusive par lettre. Des personnalités de l'extrême-droite allemande et des entrepreneurs triés sur le volet étaient présents: Gernot Mörig, un ancien dentiste de Düsseldorf qui évolue dans les milieux d'extrême droite, et Hans-Christian Limmer, un investisseur dans le secteur de la restauration. Il a fondé la chaîne de boulangerie «Backwerk» et était copropriétaire de la chaîne de burgers «Hans im Glück» jusqu'à la publication du rapport.
Dans l'invitation signée par Gernot Mörig et Christian Limmer, on pouvait lire: «Il faut des patriotes qui agissent activement et des personnalités qui soutiennent financièrement ces activités.» Pour participer, il était recommandé de faire un «don minimum» de 5000 euros. En contrepartie, un «concept global, dans le sens d'un plan directeur» serait présenté lors de la réunion.
Expulsion de citoyens allemands
Martin Sellner a été le premier orateur à présenter ce plan. Il a abordé le thème de la «remigration» – l'expulsion de différentes personnes d'Allemagne. Il a parlé de trois «groupes cibles» qui devraient quitter le pays afin de «faire marche arrière sur l'installation des étrangers»: les demandeurs d'asile, les étrangers ayant le droit de rester et les «citoyens non assimilés».
Ces derniers constituent le plus gros «problème». Selon Martin Sellner, les personnes qui ne sont pas «assimilées» devraient pouvoir être expulsées indépendamment de leur citoyenneté. Ce serait une attaque contre la loi fondamentale.
Le plan de Martin Sellner comprend également un «État modèle» en Afrique du Nord, où ces personnes pourraient être «déplacées». Jusqu'à deux millions de personnes pourraient y vivre, y compris celles qui s'engagent pour les réfugiés.
Lors de la réunion, l'idée de la remigration devrait donner lieu à une stratégie politique. Martin Sellner a déclaré qu'un «pouvoir métapolitique, prépolitique» devait être mis en place afin de «changer le climat d'opinion».
Les politiciens de l'AfD montrent leur approbation
Le public n'a pas émis de critiques. Gerrit Huy, 70 ans, députée de l'AfD au Bundestag, a exprimé son approbation et souligné qu'elle avait «apporté un concept de remigration» dès son adhésion au parti.
Ulrich Siegmund, président du groupe parlementaire AfD en Saxe-Anhalt, a en outre réclamé de l'argent. Son argument: Saxe-Anhalt, «devrait être le moins attractif possible pour cette clientèle». Ulrich Siegmund souligne qu'il a besoin de 1,37 million d'euros, «en plus de ce qui est mis à disposition par le parti».
Cet argent devrait notamment servir à financer des publicités à la radio et à la télévision. Les avocats du président ont ensuite déclaré à Correctiv qu'il avait participé à la réunion en tant que «personne privée», et que les déclarations étaient fausses.
Des fonds de l'AfD pour une agence d'influence de droite
Le représentant le plus important lors de la réunion était sans doute Roland Hartwig, ancien député de l'AfD et conseiller personnel de la cheffe de l'AfD, Alice Weidel. Il s'est présenté comme un fan d'Ulrich Sellner, dont il lit le livre «avec grand plaisir».
Roland Hartwig a laissé entrevoir que l'AfD pourrait cofinancer une agence d'influenceurs de droite prévue par le fils de Gernot Mörig. L'objectif serait d'exercer une influence sur les élections, notamment parmi la jeune génération. Pour cela, des contenus seraient diffusés sur Tiktok ou Youtube, et seraient perçus comme des thèses politiques normales.
Ils souhaitent présenter cette idée au bureau fédéral. «Le nouveau bureau fédéral, qui est maintenant en place depuis un an et demi, est ouvert à cette problématique. Nous sommes donc prêts à mettre de l'argent de côté et à exploiter des thèmes qui ne profitent pas directement au seul parti», a déclaré l'homme politique.