Le gouvernement israélien veut rétablir la sécurité dans le pays, attaqué le 7 octobre dernier, avec la promesse d'utiliser tous les moyens nécessaires, y compris la force la plus brutale. Comme s'il n'y avait pas de lendemain. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, prisonnier de la faillite de ses promesses sécuritaires, se concentre sur l'anéantissement du Hamas.
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Les conséquences sont diffusées chaque jour dans les médias du monde entier. Des quartiers entiers de Gaza sont réduits en cendres. Des milliers de personnes pleurent leurs morts. Plus d'un million de Palestiniens fuient leurs maisons et s'entassent dans des camps de réfugiés surpeuplés au sud de Gaza. Leur approvisionnement est catastrophique.
Mais il y a un lendemain. Après la guerre. De la destruction et de la misère doivent renaître la vie et le quotidien. La bande côtière meurtrie n'y parviendra pas seule. Qui prendra les rênes après le conflit?
La communauté internationale exige une solution à deux États
Israël l'a déjà refusé au début de la guerre. Le ministre de la Défense Joav Gallant a déclaré mi-octobre qu'il ne voulait pas assumer de responsabilité pour Gaza. Sur NBC News, l'ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett, explique qu'Israël contrôlerait tout au plus le nord de Gaza comme zone tampon militaire. Il s'agit en fin de compte de protéger leur propre pays.
La communauté internationale est unanime sur un point: il faut une solution à deux États. Une Palestine composée de la Cisjordanie, de Gaza et de l'est de Jérusalem. Mais sous la protection de qui?
Lors d'une conférence de presse lundi, António Guterres a exclu l'ONU de cette tâche. «Je ne vois pas de solution dans un protectorat des Nations unies», déclare le secrétaire général de l'ONU. Il propose, pour la phase de transition, une administration sous la responsabilité des États-Unis et des États arabes.
L'Égypte et la Jordanie ne veulent pas de réfugiés
L'UE veut participer à la mission de paix pour Gaza, affirme Josep Borrell: le chef de la diplomatie a discuté lundi d'un projet de cadre lors de la vidéoconférence avec les ministres des Affaires étrangères. Mais même celui-ci considère que le rôle de leader revient avant tout aux États-Unis et à la Ligue arabe.
Faire monter les pays arabes à bord, c'est aussi ce que veut Washington. Dans le cadre d'un marathon diplomatique, le ministre américain des Affaires étrangères Antony Blinken fait le tour de l'Arabie saoudite, du Qatar, de la Jordanie, de l'Égypte, du Bahreïn et des Émirats arabes unis — tous en paix avec Israël. Il ne rencontre visiblement pas de volonté d'action en ce qui concerne Gaza. «Comment pouvons-nous parler de l'avenir de Gaza si nous ne savons pas à quoi ressemblera Gaza après la guerre?», s'est entendu dire Blinken par son homologue jordanien Ayman Safadi. Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry a, lui aussi, qualifié de «prématurées» les promesses d'un processus de paix.
La Jordanie et l'Égypte ont des frontières avec le territoire palestinien. Elles sont économiquement affaiblies et ne veulent en aucun cas de nouveaux réfugiés de Gaza. Ainsi, l'Union européenne pourrait accueillir un million de réfugiés, a suggéré un haut fonctionnaire égyptien à un homologue de l'UE, rapporte le Financial Times.
«Il faut un changement de gouvernement en Israël»
Le fait que personne ne veuille vraiment s'attaquer au problème de Gaza n'étonne pas l'expert du Proche-Orient Stephan Stetter. «Il y a un énorme désaccord au sein du gouvernement israélien sur le sort de Gaza. Israël est politiquement bloqué», explique ce politologue de l'université de la Bundeswehr à Munich (D) dans un entretien avec Blick. Tant qu'Isräel n'acceptera pas une solution claire à deux États, les pays arabes n'aborderont pas le sujet de manière offensive.
«Le cadre politique doit être correct», explique l'expert. En outre, les pays craignent une radicalisation au sein de la population palestinienne, qui pourrait conduire à la terreur. Gaza serait également un défi de politique intérieure pour les voisins arabes.
Comme dans de nombreux conflits, un paquet global doit être ficelé, selon l'Allemand, «sans un changement de gouvernement ou du moins de ministres particulièrement extrémistes en Israël, cela n'ira probablement pas. Le pays doit reconnaître l'Autorité palestinienne (AP)». Mais Benjamin Netanyahu a du mal à le faire. L'AP ne peut pas, dans sa forme actuelle, assumer la responsabilité de l'enclave côtière, a déclaré le Premier ministre dimanche dernier. Gaza n'a pas d'eau, pas d'électricité, pas de paix — et probablement, à l'heure actuelle, pas d'avenir non plus.