«Il y avait au moins 40 agents armés jusqu'aux dents mais ils n'ont rien fait jusqu'à ce que ce soit trop tard», a déclaré à ABC Jacinto Cazares, père de Jacklyn Cazares, 10 ans, tuée dans le massacre perpétré mardi dans l'école primaire Robb de la petite ville texane.
Daniel Myers, un pasteur de 72 ans, était arrivé avec sa femme Matilda à l'extérieur de l'école environ 30 minutes après l'entrée du tireur dans l'école. Il a décrit à l'AFP comment les policiers ont attendu en l'absence d'une unité spécialisée pour donner l'assaut, sous les yeux de parents désespérés. «Ils étaient prêts à rentrer (ndlr: dans l'établissement). L'un des proches a dit: 'J'ai été militaire, donnez-moi juste un pistolet, je vais y aller. Je ne vais pas hésiter. Je vais y aller.'»
Les forces de l'ordre avaient indiqué mercredi avoir tenté d'empêcher Salvador Ramos, le tireur âgé de 18 ans, d'entrer dans l'école. Mais, après un échange de coups de feu, il est parvenu à se barricader dans une salle de classe. C'est là qu'il a tué 19 enfants, mais aussi deux enseignantes.
Inhumations dans les deux prochains jours
Le directeur du Département de la sécurité publique du Texas, Steven McCraw, a déclaré à CNN que Salvador Ramos était resté à l'intérieur de l'école pendant environ 40 minutes avant que la police ne réussisse à l'abattre.
Le chef de la police aux frontières Raul Ortiz, dont des agents étaient sur place, a pour sa part assuré que ces derniers n'avaient pas hésité. «Ils ont élaboré un plan. Ils sont entrés dans la salle de classe et ils ont résolu cela aussi rapidement qu'ils pouvaient», a-t-il déclaré, également à CNN.
Outre les 21 tués, 17 personnes ont été blessées, dont trois policiers. En l'absence de médecin légiste, Eulalio Diaz, un responsable local, a été chargé d'identifier les corps jusque tard dans la nuit, a-t-il raconté au quotidien «El Paso Times». «Certains des enfants étaient dans un sale état», a relaté l'élu.
Les parents dans l'attente de nouvelles de leurs enfants ont fourni des échantillons ADN pour accélérer le processus d'identification. Eulalio Diaz s'attend à ce que les corps puissent être inhumés dans les prochaines 48 heures, le temps de réaliser les autopsies. «Cela va être dur quand je vais devoir rédiger 21 certificats de décès», a-t-il dit.
Armé d'un fusil AR-15
La tragédie a assommé de douleur Uvalde, ville de 16'000 habitants à mi-chemin entre San Antonio et la frontière mexicaine, à majorité hispanique. Lors d'une conférence de presse mardi, le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a révélé que le meurtrier avait tiré sur sa grand-mère de 66 ans en plein visage avant de se rendre à l'école primaire Robb.
Le tueur avait auparavant annoncé sur Facebook son intention d'attaquer sa grand-mère, laquelle, bien que grièvement blessée, a réussi à alerter la police.
Salvador Ramos a ensuite publié un nouveau message pour dire qu'il était passé à l'acte. Puis, au moins 15 minutes avant le massacre, un troisième pour faire savoir que sa prochaine cible était une école primaire.
Il s'y est rendu équipé d'un fusil semi-automatique AR-15, arme funestement connue pour avoir été utilisée dans d'autres massacres aux États-Unis, comme celui dans un lycée de Parkland en Floride, qui avait fait 18 morts. En chemin, Salvador Ramos a eu un accident de voiture, et c'est là que les forces de l'ordre ont tenté de l'arrêter, en vain.
«Ils savaient que ce n'était pas un exercice»
L'une des institutrices de l'école, présente dans l'établissement au moment du drame, a raconté à ABC que ses élèves regardaient un film de Disney pour marquer la fin prochaine de l'année scolaire, quand des coups de feu ont retenti.
Ses élèves ont alors mis en pratique leurs années d'entraînement pour une telle situation, en se rassemblant en silence sous leur table. Ces entraînements sont devenus la norme dans les écoles aux États-Unis, où les fusillades meurtrières se répètent inlassablement d'année en année.
«Ils savaient que ce n'était pas un exercice. Nous devions être silencieux, ou sinon nous allions l'alerter de notre présence», a détaillé l'institutrice, qui a souhaité garder l'anonymat.
La mère du tireur, Adriana Reyes, a déclaré à la même chaîne que son fils n'était pas «un monstre», mais qu'il pouvait lui arriver d'«être agressif». «J'avais un sentiment de malaise parfois», a-t-elle dit, se demandant ce qu'il avait derrière la tête.
«Pas d'explication»
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Des centaines de personnes se sont rassemblées mercredi soir dans les tribunes d'une salle de spectacle pour pleurer les victimes du massacre. «J'ai le coeur brisé», sanglotait Ryan Ramirez, qui a perdu sa fille Alithia, 10 ans, lors de la tuerie. À ses côtés, son épouse Jessica pleurait doucement, leur autre fille dans ses bras.
Esmeralda Bravo, pour sa part, tenait une photo de Nevaeh, sa petite-fille décédée. «Il n'y a pas d'explication, disait-elle. C'était une bonne petite fille, très timide et très jolie. (...) Avoir le soutien de la communauté compte beaucoup pour moi, mais je préférerais que ma petite fille soit ici à mes côtés.»
Aux États-Unis, les fusillades en milieu scolaire sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs ont jusqu'à présent été impuissants à endiguer. Le débat sur la régulation des armes à feu dans le pays tourne pratiquement à vide, étant donné l'absence d'espoir d'une adoption par le Congrès d'une loi nationale ambitieuse sur la question.
(ATS)