La fusillade s'est produite alors que Joe Biden était sur le chemin retour de sa tournée en Asie. Il a pris la parole ce mardi soir, dès son arrivée à la Maison Blanche, offrant à sa nation un discours poignant: «Cela fait... 3 448 jours, 10 ans, que je me suis mobilisé dans un lycée du Connecticut - une école primaire du Connecticut, où un autre homme armé avait massacré 26 personnes, dont 20 élèves de première année à l’école primaire Sandy Hook. Depuis lors, il y a eu plus de 900 incidents, des tirs d’armes à feu (…) et la liste ne cesse de s’allonger - si l’on inclut les fusillades de masse dans des lieux comme les cinémas, les lieux de culte - comme nous l’avons vu il y a tout juste 10 jours dans une épicerie de Buffalo, dans l’État de New York. J’en suis malade et fatigué».
Reprenant sa respiration, il a ajouté: «En tant que nation, nous devons nous demander quand, au nom de Dieu, nous allons nous opposer au lobby des armes à feu.» Son discours s'est clôt sur une pensée aux familles: «On ne sait pas tout, mais on sait que des parents ne verront plus jamais leur enfant sauter sur leur lit, qui ne pourront plus jamais le serrer dans leurs bras. Des parents qui ne seront plus jamais pareils».
La vice-présidente Kamala Harris s'est elle aussi exprimée. «Trop, c'est trop», s'est-elle emportée, appelant à «agir» sur le sujet des violences par armes à feu, un fléau national. «Nos coeurs continuent d'être brisés», a-t-elle déclaré. «Nous devons trouver le courage d'agir», a-t-elle ajouté à l'adresse du Congrès, impuissant à légiférer malgré les tragédies.
La Maison Blanche a ordonné la mise en berne des drapeaux dans tous les bâtiments publics pour «honorer les victimes» d'Uvalde. Cette attaque a replongé le pays dans les affres des fusillades en milieu scolaire, qui se répètent fréquemment avec des images choquantes d'élèves traumatisés, obligés de se confiner dans leur classe avant d'être évacués par les forces de l'ordre et de parents paniqués cherchant désespérément à avoir des nouvelles de leurs enfants.
Comme à Sandy Hook
Le drame rappelle celui de l'école primaire de Sandy Hook, dans le Connecticut, où un déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont vingt enfants âgés de 6 et 7 ans, avant de se suicider.
Chris Murphy, sénateur démocrate de cet État du nord-est des États-Unis, a «supplié» mardi ses collègues élus d'agir, assurant que ces tragédies n'étaient pas «inévitables». «Cela n'arrive que dans ce pays, et nulle part ailleurs. Dans aucun autre pays, les enfants vont à l'école en pensant qu'ils pourraient se faire tirer dessus». L'Amérique avait aussi été particulièrement marquée par une fusillade dans un lycée de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts, dont une majorité d'adolescents, en 2018.
Cette nouvelle tuerie, d'autant plus choquante que les victimes sont des enfants, ne manquera pas de relancer les critiques sur la prolifération des armes à feu aux Etats-Unis, un débat qui tourne pratiquement à vide étant donné l'absence d'espoir d'une adoption par le Congrès d'une loi nationale ambitieuse sur la question.
La cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, a dénoncé un acte «monstrueux qui a volé l'avenir de chers enfants». «Il n'existe pas de mots pouvant décrire la douleur et l'indignation face au massacre de sang froid de petits écoliers et d'un enseignant», a-t-elle écrit dans un communiqué.
(AFP/Blick)