Paix en Ukraine
Trump dit que Zelensky serait «prêt» à négocier avec la Russie

Le président américain Donald Trump a affirmé mardi que son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, avec qui il avait eu un vif échange vendredi dernier, serait «prêt» à négocier avec la Russie. Il serait également disposé à signer un accord sur les minerais.
Publié: 05.03.2025 à 08:23 heures
Donald Trump, à droite sur le cliché, a eu un vif échange vendredi dans le Bureau ovale avec Volodymyr Zelensky (archives).
Photo: JIM LO SCALZO / POOL

«J'ai reçu une lettre importante du président ukrainien Zelensky. La lettre dit que l'Ukraine est prête à s'asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d'une paix durable», a déclaré le président américain dans un discours devant le congrès des Etats-Unis. 

«Il a déclaré: 'Mon équipe et moi-même sommes prêts à travailler sous la direction énergique du président Trump pour obtenir une paix durable. Nous apprécions vraiment tout ce que [les Etats-Unis d']Amérique [ont] fait pour aider l'Ukraine à maintenir sa souveraineté et son indépendance'», a ajouté Trump.

Clash au Bureau ovale

Plus tôt dans la journée de mardi, le dirigeant ukrainien a proposé une trêve avec la Russie dans les airs et en mer pour entamer des discussions sur une «paix durable» sous «le leadership» de Donald Trump et s'est dit prêt à signer avec le président américain l'accord-cadre sur l'exploitation des ressources naturelles, souhaitant «arranger les choses» avec lui après leur accrochage de vendredi dans le Bureau ovale. Zelensky était parti sans signer cet accord sur les minerais et le gouvernement américain a ensuite annoncé le gel de son assistance militaire à l'Ukraine, trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine.

L'épisode a conduit à la suspension lundi de l'aide militaire américaine, cruciale pour l'armée ukrainienne depuis plus de trois ans d'offensive à grande échelle de la Russie. Depuis la joute de vendredi, le milliardaire républicain accusait Zelensky de ne pas vouloir la paix et de se montrer irrespectueux et ingrat envers les Etats-Unis, qui représentent selon le Kiev Institute près de la moitié des 130 milliards d'euros d'aide militaire versée à Kiev de début 2022 à fin 2024.

Après plusieurs jours d'intenses échanges diplomatiques avec les Européens, Volodymyr Zelensky avait exprimé publiquement mardi sa «reconnaissance» et des regrets pour l'incident.

Zelensky souhaite «arranger les choses»

S'adressant au congrès, où de nombreux élus démocrates portaient des drapeaux américain et ukrainien à la boutonnière, Trump a précisé: «En ce qui concerne l'accord sur les minerais et la sécurité, l'Ukraine est prête à le signer au moment qui vous conviendra.»

Sur le réseau social X, Volodymyr Zelensky a assuré que l'Ukraine était «reconnaissante» pour l'aide américaine et reconnu que sa visite de vendredi «ne s'est pas déroulée comme prévu»: «Il est regrettable que cela se soit passé ainsi. Il est temps d'arranger les choses.» Il a proposé ce qui pourrait constituer «les premières étapes pour mettre fin à la guerre»: «la libération des prisonniers et une trêve dans les airs – interdiction des missiles, des drones de longue portée, des bombes sur les infrastructures» civiles, notamment énergétiques, ainsi qu'«une trêve en mer immédiate, si la Russie fait de même». 

L'accord sur les minerais à l'ordre du jour

Kiev martèle ces derniers jours être toujours prêt à signer l'accord sur l'exploitation des minerais ukrainiens réclamé par Donald Trump en échange de l'aide américaine, ce qu'a confirmé le président américain devant le Congrès mardi soir. Le milliardaire, qui a amorcé un rapprochement spectaculaire avec Moscou avec son appel du 12 février avec Vladimir Poutine, a également affirmé avoir reçu «des signaux forts indiquant qu'ils sont prêts pour la paix». 

«Ne serait-ce pas magnifique?», a ajouté le président américain. «Il est temps d'arrêter cette folie. Il est temps d'arrêter les massacres. Il est temps de mettre fin à cette guerre insensée. Si l'on veut mettre fin aux guerres, il faut parler aux deux parties», a-t-il tranché.

L'Europe plaide pour un soutien américain

Les alliés de Kiev, réunis en sommet d'urgence dimanche à Londres, ont dit vouloir présenter des propositions pour arriver à une cessation des hostilités en Ukraine. Mais ils ont aussi répété qu'il faudrait que cela se fasse avec un soutien des Etats-Unis. Après les propos de Volodymyr Zelensky, le président français Emmanuel Macron a salué une volonté de «réengager le dialogue avec les Etats-Unis d'Amérique». 

L'assistance américaine gelée concerne essentiellement celle déjà approuvée sous la présidence de Joe Biden et très largement soldée mais dont il reste encore du matériel à livrer. La mesure prise par les Etats-Unis se fait d'ailleurs déjà ressentir dans le principal centre en Pologne de soutien logistique à l'Ukraine, celui de Jesionka, a informé mardi le chef du gouvernement polonais. Les livraisons de l'aide américaine «sont en train de cesser, puisque des trains entiers qui étaient chargés à destination de l'Ukraine sont stoppés et interdits de se rendre à leur objectif», a confirmé à Paris le Premier ministre français François Bayrou.

Après cette décision, la présidence ukrainienne a indiqué mardi «discuter» avec les Européens pour remplacer l'aide américaine, tandis que l'UE a dévoilé le même jour un plan «pour réarmer l'Europe» qui va permettre de fournir une aide militaire «immédiate» à l'Ukraine. «L'avenir d'une Ukraine libre et souveraine, d'une Europe en sécurité et prospère est en jeu», a expliqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans une lettre adressée aux dirigeants des 27. Elle y présente un projet en cinq volets de 800 milliards d'euros destiné à renforcer la défense du continent qui sera examiné au cours d'un sommet européen jeudi à Bruxelles.

L'Allemagne, elle, veut débloquer des investissements sans précédent de centaines de milliards d'euros pour renforcer son armée, au vu de la fracture en cours avec les Etats-Unis, le futur chancelier Friedrich Merz disant vouloir s'affranchir de ses règles de discipline budgétaire pour cela. «Le mot d'ordre pour notre défense doit être: quoi qu'il en coûte!», a martelé Merz, qui a annoncé que son pays allait débloquer trois milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire pour l'armée ukrainienne.

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