La quête sans fin d’indices sur l’un des assassinats les plus scrutés de l’Histoire a pris une nouvelle tournure mardi 18 mars. Plus de 31'000 pages des Archives nationales américaines ont été rendues publiques sur le meurtre du président John F. Kennedy, survenu le 22 novembre 1963 à Dallas.
Cette publication, ordonnée par Donald Trump, s’inscrit dans une série de déclassifications entamée dans les années 1990. Si la majorité des fichiers dévoilés mardi ne sont pas nouveaux, de nombreux caviardages ont été levés. Ce qui pourraient mettre en lumière des éléments encore obscurs d’une affaire qui intrigue depuis plus de 60 ans, rapporte le «Washington Post». Quelles révélations en attendre?
L'assassin, Lee Harvey Oswald
Peut-on espérer un bouleversement de la compréhension de l’affaire? Peu probable, selon Frederik Logevall, professeur d’histoire à Harvard et biographe de JFK. «Rien n’est impossible», nuance-t-il dans les colonnes du quotidien américain. Selon lui, ces documents pourraient toutefois éclairer davantage les activités de Lee Harvey Oswald à Mexico, où il a rencontré des espions russes et cubains, un mois avant l’assassinat.
Cette nouvelle salve d’archives pourrait en effet gêner la CIA. Gerald Posner, spécialiste de l’affaire, pointe notamment 30 pages d’un document de 50, contenant des renseignements mexicains sur Oswald, transmis à l’agence américaine et jusqu’ici expurgés.
«Il est possible que ces révélations confirment ce que les précédentes déclassifications suggéraient déjà: les services de renseignement américains en savaient plus sur Oswald qu’on ne l’a longtemps admis», estime le professeur d'Harvard. La CIA aurait-elle dissimulé certaines informations au FBI? L’hypothèse, avancée de longue date, trouve ici un nouvel écho.
Le ou les tireurs
L’idée qu’Oswald ait agi seul est contestée depuis des décennies. Les nouveaux documents viendront-ils renforcer cette remise en question? Pour Jefferson Morley, vice-président de la fondation et expert en assassinats de Kennedy, «la théorie du tireur isolé est inexacte. Elle ne correspond pas aux faits. Les médecins ayant tenté de sauver Kennedy affirment qu’il a été touché par des tirs venant de deux directions différentes.»
L’historien espère que les documents jusqu’ici caviardés permettront de soutenir cette thèse et de remettre en question la version officielle du rapport Warren. «C’est un moment porteur d’espoir», conclut-il.
Toujours des questions sans réponse
Malgré cette nouvelle vague de documents, une question essentielle reste sans réponse: les motivations de Lee Harvey Oswald. Deux jours après l’assassinat, le 24 novembre 1963, il a été abattu par Jack Ruby, propriétaire d’un club de nuit, dans l’enceinte même du siège de la police de Dallas. Oswald n’avait jamais avoué et il n'existe aucun enregistrement de ses entretiens avec la police, selon les Archives nationales.
Larry J. Sabato, directeur du Centre pour la politique de l’Université de Virginie, tempère l’enthousiasme: «Nous ne verrons jamais les documents les plus intéressants», affirme-t-il. «Vous pouvez être certain qu’ils ont été détruits bien avant d’être censés être remis.» L’affaire Kennedy continue donc d’alimenter les doutes et les spéculations. Plus de six décennies après, la quête de la vérité est loin d’être close.