Olaf Scholz perd la confiance des députés. Parmi les politiciens présents à la chambre basse du parlement, 394 ont voté contre la confiance tandis que 207 ont voté pour, avec 116 abstentions, a annoncé la présidente du Bundestag.
Olaf Scholz va désormais demander au chef de l'Etat Frank-Walter Steimeier de dissoudre le Bundestag afin de permettre la tenue du scrutin le 23 février dans la première économie européenne. Ce sera l'occasion que les "électrices et électeurs" se prononcent sur l'enjeu "fondamental" du cap à suivre pour le pays aux prises avec une grave crise économique, a défendu lundi le dirigeant social-démocrate.
Résultats conforme à l'objectif
Le résultat est conforme à l'objectif: parmi les députés présents, 394 ont voté contre la confiance tandis que 207 ont voté pour, avec 116 abstentions. Le chancelier a souri à cette annonce et s'est tourné vers son vice-chancelier, l'écologiste Robert Habeck, pour lui serrer la main.
Après le vote perdu, événement rare dans l'histoire politique allemande, Olaf Scholz s'est entretenu avec le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier qui va dissoudre la chambre et convoquer le scrutin à la date convenue du 23 février. Dans les heures précédant, le débat au Bundestag avait tourné à l'inventaire des trois années passées au pouvoir par le dirigeant social-démocrate.
«Vous avez eu une chance, vous ne l'avez pas saisie»
"Vous avez eu votre chance, vous ne l'avez pas saisie", a lancé Friedrich Merz, chef du camp conservateur CDU/CSU et favori pour remplacer Olaf Scholz à la tête du pays. Les questions économiques et sociales ont dominé les échanges, reflètant la campagne électorale déjà largement enclenchée dans le pays. Friedrich Merz a accusé Olaf Scholz de laisser le pays "dans l'une des pires crises économiques de l'après guerre". Menacée d'une deuxième récession annuelle d'affilée, l'Allemagne fait face à une remise en cause de son modèle industriel et s'inquiète des répercussions pour ses exportations de l'élection de Donald Trump.
Olaf Scholz s'est posé lui en champion d'un Etat social protecteur pour les plus vulnérables et des dépenses d'investissement d'avenir pour relancer l'économie. De cette question des investissements, "dépend tout le reste, notre sécurité, notre prospérité future, la compétitivité de notre économie, un bon emploi et une bonne formation, et enfin la cohésion sociale dans le pays", a-t-il martelé. L'enjeu est central dans le domaine de la défense où le pays a besoin "d'investissements massifs" dans le contexte de la guerre en Ukraine. "S'il y a un pays dans le monde qui peut se permettre d'investir dans l'avenir, c'est bien nous", a-t-il insisté, soulignant que l'endettement de l'Allemagne tournait autour de 60% du PIB quand il dépasse 100% dans la plupart des autres pays du G7.
Olaf Scholz y croit encore
Les désaccords sur la politique économique et le niveau de dépenses publiques avaient dejà été à l'origine de la chute de la coalition gouvernementale tripartite. Depuis le limogeage de son ministre des Finances libéral en novembre, Olaf Scholz dirige un gouvernement minoritaire entre son parti social-démocrate et les Verts, dont l'action législative est paralysée.
Malgré son impopularité chronique, l'imperturbable dirigeant veut croire en ses chances d'un second mandat. A ce stade, les sondages lui accordent peu d'espoir et l'Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU mené par Friedrich Merz donné nettement gagnant, fort de 30 à 33% des intentions de vote.
Capable de déjouer les pronostics
Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5%, mais les autres formations excluent toute coopération avec lui. Le SPD (parti social-démocrate) engrangerait 15% à 17% des voix, les Verts de 11,5% à 14%.
Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections en 2021, contre toute attente. Et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l'inconnu par l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Les sociaux-démocrates ne perdent d'ailleurs pas une occasion de souligner l'inexpérience de Friedrich Merz, mis sur la touche autrefois par l'ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n'a jamais occupé de poste de ministre ou de maire.