Ce n'est pas parce que les occidentaux ont tourné le dos à Vladimir Poutine qu'il manque d'alliés. Voilà le message que souhaite faire passer le président russe avec l'ouverture du sommet des Brics, le bloc des pays émergents. Une vingtaine de dirigeants alliés et de partenaires sont attendus entre mardi 22 octobre et jeudi à Kazan, sur les rives de la Volga.
Parmi les invités de marques: Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies (ONU), qui rencontrera le chef du Kremlin pour la première fois depuis avril 2022, ainsi que les présidents chinois Xi Jinping, et iranien, Massoud Pezeshkian. Vladimir Poutine, lui-même, a confirmé la présence du leader palestinien Mahmoud Abbas. Le Kremlin table également sur la présence de l'Indien Narendra Modi et du Turc Recep Tayyip Erdogan. Face à ce beau monde, le Kremlin se flatte de mettre sur pied «l'événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie».
A lire aussi
Le rassemblement des Brics met en lumière une convergence croissante de nations qui espèrent voir un changement dans l’équilibre mondial des pouvoirs, souligne CNN. La Russie et son puissant allié, la Chine vont même plus loin: ils cherchent à montrer que c'est l'Occident qui s'isole avec ses sanctions et ses alliances.
Redorer son blason
Cette année, ce grand raout diplomatique a une autre saveur pour Vladimir Poutine. Visé par un mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de la déportation d'enfants ukrainiens, dont Kiev accuse Moscou, Vladimir Poutine avait dû renoncer à se rendre au précédent sommet du bloc en Afrique du Sud. Alors, recevoir ses partenaires à domicile, est du pain béni pour le président russe.
Le Kremlin juge «crucial» de démontrer qu'«il y a une alternative aux pressions occidentales (...) et que le monde multipolaire est une réalité», selon l'analyste politique Konstantin Kalatchev, basé à Moscou. D'ailleurs, le Kremlin présente son assaut contre l'Ukraine non pas comme une guerre de conquête, malgré ses nouvelles annexions revendiquées de régions ukrainiennes après celle de la Crimée en 2014, mais comme un conflit provoqué par l'hégémonisme américain.
Plusieurs défis à relever
Cette grand-messe ne sera pas non plus une balade de santé pour la Russie. Le pays doit convaincre plusieurs de ces alliés pour contourner les sanctions occidentales, détaille «Le Monde». Son cheval de bataille? La dédollarisation des échanges.
En effet, la Russie veut convaincre ses principaux partenaires commerciaux d'utiliser leurs monnaies nationales dans les échanges. Les pressions exercées par les Etats-Unis compliquent les transactions avec ses alliés du Sud. C'est pourquoi Vladimir Poutine souhaite profiter de ce sommet pour développer Brics Pay, une plateforme de paiement en monnaie numérique destinée à contourner le dollar.
Mais tout n'est pas gagné pour la Russie. La perspective d'une dédollarisation des échanges est moins centrale pour ses alliés qui souhaitent rester intégrés à l'économie mondiale. Qui plus est, les membres des Brics ne sont pas liés par des accords contraignants. Ils n'ont donc aucune obligation les uns envers les autres.