Au printemps dernier, l'Ukraine repoussait l'armée russe et partait à la reconquête de ses territoires. Ça c'était avant, car il ne reste aujourd'hui plus rien de cette percée. Désormais, la seule préoccupation de l'Ukraine est de pouvoir tenir la ligne de front
Ainsi, les quelques soldats qu'il reste encore à l'Ukraine tentent de stopper les Russes, mais avec peu de moyens: «Ils ont tout ce qu'ils veulent et nous n'avons rien pour nous battre. Nous faisons ce que nous pouvons», déclarait récemment un soldat ukrainien à la BBC.
Les Russes grignotent de plus en plus de territoires
Les lignes de défense de l'Ukraine vacillent, notamment dans la région de Kharkiv. On estime qu'en une semaine, l'armée de Vladimir Poutine a gagné 278 kilomètres carrés de terrain en Ukraine.
Rien que dans la région de Kharkiv, les troupes russes se sont emparées de 257 kilomètres carrés entre le 9 et le 15 mai, a calculé l'AFP sur la base de données de l'Institut d'études de la guerre (ISW) basé aux Etats-Unis.
A cela s'ajoutent des gains territoriaux de 21 kilomètres carrés sur d'autres zones du front. La prise du village de Robotyne au sud illustre parfaitement cette progression. Au total, il s'agit des plus importants gains de terrain russes depuis décembre 2022.
L'armée ukrainienne tente de résister... mais avec beaucoup de difficultés
Ces gains territoriaux se sont faits au prix du sang, des deux côtés. Mais les Russes ont un avantage: ils sont en surnombre. Ainsi, à peine les soldats russes percent-ils une ligne de front qu'une attaque suit immédiatement. «Ils sont très nombreux», poursuit le soldat ukrainien auprès de la BBC.
Conséquence: l'armée ukrainienne s'efforce de résister, mais avec beaucoup de difficulté. Aussi, faute de soldats et de matériel, les lignes de défense de l'Ukraine s'amincissent.
De nombreux soldats ukrainiens se sentent aujourd'hui abandonnés et estiment que leur commandement aurait dû mieux les préparer à cette offensive russe: «Nous aurions pu utiliser des troncs d'arbres et du béton pour construire des défenses. Maintenant, nous allons devoir utiliser des grenades et des hommes pour reconquérir toutes ces terres», a déclaré un commandant ukrainien.
150'000 soldats doivent encore être formés
L'OTAN se penche de son côté sur la possibilité d'envoyer des instructeurs en Ukraine afin de mieux former quelque 150'000 soldats ukrainiens. Ils devraient ainsi être conditionnés plus rapidement aux exigences du front, rapporte le «New York Times».
La Maison Blanche a, elle, fait savoir qu'elle ne déploiera pas de troupes américaines pour l'instant, y compris des instructeurs.
Pourtant, le temps presse, même si le commandement militaire de l'OTAN ne s'attend pas pour l'instant à une percée russe dans la région ukrainienne de Kharkiv: «Les Russes n'ont pas les effectifs nécessaires pour une percée stratégique», a déclaré jeudi le commandant en chef des troupes de l'OTAN en Europe, Christopher Cavoli, après une réunion des chefs militaires des pays membres.
L'expert précise qu'un soutien militaire supplémentaire des partenaires de l'OTAN est en route à destination de l'Ukraine. Les soldats reçoivent actuellement «de grandes quantités de munitions, de grandes quantités de systèmes de défense antiaérienne à courte portée et des quantités considérables de véhicules blindés».
En avril, après des mois de blocage, le Congrès américain a fini par approuver un paquet d'aide de 61 milliards de dollars (environ 55 milliards de francs) pour l'armée ukrainienne.