L'Irlande risque de devoir payer jusqu'à 26 milliards d'euros à d'autres membres de l'Union européenne si elle n'atteint pas les objectifs climatiques convenus pour 2030, selon un rapport publié mardi.
L'Irlande est en passe de ne pas respecter ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, largement accusées d'être à l'origine du changement climatique, ont averti l'Irish Fiscal Advisory Council et le Climate Change Advisory Council, deux organismes indépendants de conseil sur les politiques publiques.
«Si elle n'agit pas maintenant pour réduire ses émissions, l'Irlande devra faire face à des coûts évitables», indique le rapport adressé au gouvernement. Le pays pourrait être confronté à une facture comprise entre 8 et 26 milliards d'euros, selon les deux organismes. L'amplitude de cette fourchette est liée à l'incertitude autour du calcul de l'amende, qui dépend entre autres du degré d'avancement des objectifs de l'ensemble des membres au sein de l'UE.
En retard sur de nombreux points
Marie Donnelly, présidente du Climate Change Advisory Council, a qualifié l'Irlande de «grand retardataire». L'Irlande est notamment à la traîne sur la hausse de la part des énergies renouvelables et l'amélioration de l'efficacité énergétique, qui s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par l'UE pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. Les objectifs irlandais en matière d'émissions pour les transports, les bâtiments, la petite industrie, les déchets et l'agriculture seront dépassés d'environ 57% sur la base des trajectoires actuelles, alerte le rapport.
Si l'Irlande n'est pas le seul pays en retard sur ses objectifs, elle se situe tout en bas du tableau en termes d'émissions par habitant, selon l'organisme européen de statistiques Eurostat. Or la législation européenne adoptée en 2018 indique que si un pays émet plus que ce qui est autorisé, il doit acheter la différence à d'autres nations qui remplissent leurs objectifs d'émissions.
L'Irlande fait des promesses
Le taoiseach (Premier ministre) irlandais, Micheal Martin, a néanmoins déclaré mardi que l'Irlande avait «accéléré ses plans» pour relever les défis du changement climatique et a promis d'augmenter encore les dépenses consacrées au réseau énergétique du pays. Il a également souligné le «succès» des énergies renouvelables terrestres, ajoutant que «la prochaine grande étape serait l'offshore».
La facture pourrait être réduite de plus de moitié si le gouvernement mettait en oeuvre les mesures déjà prévues dans son plan d'action pour le climat. «Le gouvernement devrait se montrer encore plus ambitieux pour réduire davantage le montant de l'amende», précise le rapport.