Un nouveau chapitre de révélations s’ouvre sur la pandémie de coronavirus, et il s’annonce explosif. Des documents confidentiels du service fédéral de renseignement (BND), révélés par des enquêtes du «Süddeutsche Zeitung» et du «Zeit», apportent un regard inédit sur l’origine du virus, cinq ans après le début de la crise.
De quoi s'agit-il?
Des documents confidentiels du BND ont révélé que les scientifiques chinois auraient disposé très tôt de connaissances détaillées sur le virus. Des études internes, des thèses et des données non publiées suggèrent que le SARS-CoV-2 pourrait ne pas être d’origine naturelle, mais avoir été conçu artificiellement. En résumé, les services secrets allemands estiment qu’il est presque certain que le coronavirus provient d’un laboratoire de Wuhan.
Quelle est la crédibilité des conclusions?
Le BND s’appuie sur un indice de probabilité, un système d’évaluation permettant d’estimer la crédibilité des informations. Erich Schmidt-Eenboom, expert en renseignement, explique à Blick: «Chaque renseignement du BND est soumis à un schéma d’évaluation strict. Qu’une probabilité de 80 à 95% soit avancée ici est particulièrement élevé.» De son côté, la CIA a récemment adopté, pour la première fois, une position prudente allant dans le même sens, bien que de manière moins affirmée.
Pourquoi ces conclusions ont-elles été tenues secrètes?
Il semblerait que le gouvernement allemand, sous Angela Merkel puis Olaf Scholz, ait cherché à éviter toute escalade politique avec la Chine. «Le gouvernement fédéral ne voulait pas compromettre ses relations avec la République populaire, notamment en raison de sa dépendance économique», explique Erich Schmidt-Eenboom. Par ailleurs, le BND tenait à protéger ses sources afin de ne pas exposer les canaux d’accès à des informations sensibles.
Pourquoi un échange soudain avec les Etats-Unis?
«En Allemagne, une phase d’analyse de la pandémie de coronavirus est en cours, peut-être même via une commission d’enquête au Bundestag», explique Erich Schmidt-Eenboom. Le BND cherche à anticiper en partageant ses informations à temps, notamment pour mettre en avant l’efficacité de son travail en matière de renseignement.
Quelles sont les thèses sur l'origine du virus?
Deux hypothèses dominent toujours le débat: la théorie de la zoonose, selon laquelle le virus aurait été transmis naturellement des animaux sauvages à l’homme, et la théorie du laboratoire, qui suggère que le SARS-CoV-2 se serait échappé d’un centre de recherche.
Les récentes découvertes du BND et de la CIA appuient – prudemment – la seconde hypothèse, tandis que la Chine continue de défendre avec force la transmission naturelle. «Le gouvernement chinois maintient fermement sa version des faits. En fin de compte, c’est parole contre parole», résume Ulrich Schmidt-Eenboom.
Qu'en est-il des conséquences de la pandémie?
Une étude récente publiée dans «Plos Medicine» met en lumière les lourdes conséquences de la pandémie. Entre 2020 et 2022, 16,8 millions d’années de vie ont été perdues dans 18 pays européens en raison du Covid-19 et de ses effets indirects, notamment l’interruption des soins médicaux et la surcharge des systèmes de santé. En Suisse, cette perte s’élevait à environ 26,4 années de vie pour 1000 habitants.
Ces chiffres alarmants soulignent l’importance de déterminer précisément l’origine du virus, afin de mieux prévenir de futures crises sanitaires ou d’y répondre plus efficacement.
Les services secrets doivent-ils tout publier?
Une plus grande transparence pourrait mettre davantage de pression sur les États pour qu'ils gèrent de manière responsable la recherche à risque. Schmidt-Eenboom souligne : «Le public a le droit de connaître toute la vérité, surtout lorsqu'il s'agit de risques globaux».
Une plus grande transparence pourrait faire pression sur les États afin de mieux gérer la recherche à risque. «Le public a le droit de connaître toute la vérité, surtout lorsqu’il s’agit de menaces globales», insiste Ulrich Schmidt-Eenboom.
Y a-t-il un danger lié à des projets similaires?
Le BND dispose d’indices suggérant que des recherches risquées sur des virus encore plus dangereux, comme le coronavirus MERS, se poursuivent à Wuhan. Ulrich Schmidt-Eenboom alerte sur le danger: «Tant que certains États refuseront de coopérer et que leurs normes de sécurité ne seront pas suffisamment contrôlées, le risque de nouvelles pandémies restera présent.»