Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'armée devait «augmenter encore la pression sur le Hamas», auteur d'une attaque sans précédent le 7 octobre contre Israël, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien.
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Le mouvement islamiste palestinien «subit une pression croissante parce que nous lui faisons mal, nous éliminons ses hauts commandants et des milliers de ses terroristes. C'est exactement le moment d'augmenter encore la pression», a déclaré Benjamin Netanyahu.
Selon le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), «de multiples frappes à travers la bande de Gaza» ont fait mardi «des dizaines de morts et de blessés». L'une d'elles a eu lieu «à quelques centaines de mètres» d'un centre des Nations unies à Deir el-Balah, une localité du centre du territoire qui abrite de nombreux déplacés.
Nombre de victimes civiles «inacceptable»
Le département d'Etat américain avait estimé lundi que le nombre de victimes civiles «restait inacceptable» dans la bande de Gaza, où la guerre a fait des dizaines de milliers de morts. Mardi soir, la Défense civile de Gaza, un organisme dépendant du Hamas, a annoncé dans son dernier bilan que les trois frappes israéliennes avaient fait 48 morts et «des dizaines» de blessés.
Les frappes ont eu lieu à proximité d'une station-service d'Al-Mawasi près de Khan Younès, sur une école administrée par l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) dans le camp de réfugiés de Nousseirat, et près d'un rond-point de Beit Lahia.
L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir visé «des terroristes se servant d'une école de l'Unrwa dans la région de Nousseirat» et «un chef de compagnie» du Djihad islamique «dans l'ouest de Khan Younès».
L'armée assure avoir pris de «nombreuses mesures» pour réduire le risque de toucher des civils dans la frappe contre l'école et a accusé une nouvelle fois le Hamas de s'abriter derrière les civils et de se servir de la population comme d'un bouclier humain, ce que le Hamas dément régulièrement.
Des centaines de milliers de personnes se sont déplacées au gré de l'avancée des combats, et souvent plusieurs fois depuis le début de la guerre, selon des estimations des Nations unies. Beaucoup s'abritent dans des bâtiments, notamment des écoles, mais aussi des cours de dispensaires ou d'hôpitaux.
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Un cessez-le-feu s'éloigne
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza, dont 42 sont mortes, selon l'armée. En riposte, Israël a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 38.713 morts, en majorité des civils, d'après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Benjamin Netanyahu affirme vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et la libération de tous les otages.
Dénonçant des «massacres» commis par Israël «contre des civils non armés», un dirigeant du Hamas a annoncé dimanche que le mouvement suspendait sa participation aux négociations indirectes en vue d'un cessez-le-feu, mais était «prêt» à revenir à ces discussions lorsque le gouvernement israélien ferait preuve d'une «volonté sérieuse» d'aboutir.
Samedi, une frappe israélienne avait fait 92 morts, selon le Hamas, dans le secteur d'Al-Mawasi, désigné depuis plusieurs mois «zone humanitaire» par Israël. L'armée israélienne avait affirmé y avoir visé deux chefs militaires du Hamas.
La diplomatie française a dénoncé mardi «les frappes de ces derniers jours» qui «alourdissent le bilan humain catastrophique parmi la population civile». Plusieurs ONG, parmi lesquelles Médecins Sans Frontières et Médecins du monde, ont dénoncé les «massacres» dans des «zones de sécurité».
Ces frappes «aggravent la catastrophe humanitaire» tandis que les ONG continuent «de se heurter aux obstacles imposés par la poursuite des opérations militaires» israéliennes, a déploré lundi soir MSF.
Blocage des livraisons
La prise du point de passage de Rafah, à la frontière égyptienne, par les Israéliens début mai a provoqué un «arrêt complet» de l'acheminement de l'aide, d'après les ONG qui affirment que 50% des foyers sont classés en situation «urgente» pour risque de famine dans le nord du territoire.
Israël accuse l'ONU d'être responsable du blocage des livraisons d'aide. L'ONU dénonce notamment les obstacles mis par Israël à l'entrée et à la distribution du carburant, indispensable au fonctionnement des générateurs dans la bande de Gaza, assiégée et privée d'électricité depuis plus de neuf mois.
L'ONU a indiqué mardi avoir pu récupérer ces deux dernières semaines environ 80'000 litres de carburant chaque jour afin de les distribuer dans le territoire, alors que «400'000 litres par jour sont nécessaires pour les opérations humanitaires de base».