Moscou serre la vis
Le Kremlin désigne «agents de l'étranger» deux membres des Pussy Riot

Poursuivant la répression des voix critiques du pouvoir, la Russie a ajouté à sa liste des «agents de l'étranger» deux membres du groupe contestataire Pussy Riot, ainsi qu'un écrivain, une journaliste et un collectionneur d'art. Cette liste compte désormais 111 noms.
Publié: 30.12.2021 à 22:13 heures
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Nadejda Tolokonnikova, l'une des figures de proue des Pussy Riot, ici le 2 octobre 2021 à Austin, au Texas, lors d'une marche pour le droit à l'avortement.
Photo: SERGIO FLORES

Nadejda Tolokonnikova, l'une des figures de proue des Pussy Riot, et Veronika Nikoulchina, une autre membre du groupe, ont été intégrées à cette liste qui compte désormais 111 noms, a annoncé jeudi le Ministère russe de la justice.

L'écrivain Viktor Chenderovitch, connu pour ses critiques au vitriol du pouvoir, a lui aussi reçu cette désignation qui oblige notamment les personnes et organisations visées à afficher ce statut dans chacune de leurs publications.

«Ces individus ont systématiquement fourni des documents à un cercle indéterminé de personnes, tout en recevant des financements de l'étranger», a affirmé le Ministère de la justice. Cinq autres personnes ont été ajoutées à la liste des «agents de l'étranger» jeudi, dont la journaliste Taïssiya Bekboulatova et le collectionneur d'art Marat Gelman.

Dans le viseur du pouvoir depuis des années

Nadejda Tolokonnikova fait partie des trois membres des Pussy Riot condamnées à de la prison en 2012 après avoir chanté une «prière punk» contre le président Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, une scène qui a rendu le groupe mondialement célèbre.

Elle a réagi à sa désignation comme «agent de l'étranger» en postant sur les réseaux sociaux une photo d'elle faisant un doigt d'honneur, avec un communiqué dans lequel elle déclare qu'elle ne se soumettrait pas à l'obligation légale d'indiquer ce statut dans ses publications. «La Russie sera libre!», a-t-elle lancé.

Un instrument de répression «à la soviétique»

Introduite en 2012, la loi sur les «agents de l'étranger», un qualificatif qui rappelle celui d'«ennemi du peuple» à l'époque soviétique, a d'abord été appliquée à des ONG, avant d'être élargie à des médias et des individus. Les organisations de défense de la liberté d'expression accusent le gouvernement russe d'utiliser cet instrument pour réduire les voix critiques au silence.

L'année 2021 a été marquée par une répression tous azimuts en Russie, avec notamment l'incarcération de l'opposant Alexeï Navalny et l'interdiction de son mouvement, mais aussi la dissolution de l'emblématique ONG Mémorial, cette semaine.

(AFP)

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