Même Joe Biden l'accuse
La pression monte sur Netanyahu après la mort des six otages israéliens

Benjamin Netanyahu est sous pression après l'assassinat de six otages israëliens par le Hamas à Gaza. Contesté en ses propres terres, le Premier ministre israélien est également accusé par Joe Biden de ne pas faire assez pour obtenir la libération des otages restants.
Publié: 02.09.2024 à 19:53 heures
"Je regrette que nous n'ayons pas protégé Hersh en ce jour sombre", a déclaré le président israélien Isaac Herzog lors des funérailles de l'Israélo-américain Goldberg-Polin, 23 ans, l'un des six otages retrouvés morts. Ici, avec la mère de l'otage tué et sa femme Michal Herzog.
Photo: GIL COHEN-MAGEN / POOL
sda-logo.jpeg
ATS Agence télégraphique suisse

La pression monte lundi sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour obtenir la libération des otages retenus à Gaza, après la mort de six d'entre eux. Le président américain Joe Biden l'accuse de ne pas faire assez pour conclure un accord en ce sens. Les otages ont été enlevés et emmenés à Gaza lors d'une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien dévasté et assiégé, cible de nouvelles frappes meurtrières israéliennes.

Manifestations quasi-quotidiennes dans des villes israéliennes avec blocage de routes, grève dans plusieurs villes lundi après un appel de la centrale syndicale Histadrout avec perturbations à l'aéroport de Ben Gourion, multiplication des déclarations appelant au départ de Netanyahu. La mobilisation s'intensifie en Israël surtout après l'annonce dimanche par l'armée de la découverte des corps de six otages israéliens dans un tunnel du sud de Gaza. Israël affirme que le Hamas les a tués à «bout portant», le mouvement palestinien affirme qu'ils ont «été tués par des tirs israéliens».

Accord pour la libération des otages réclamé

«Nous voulons que le gouvernement (Netanyahu) cesse d'exister, nous voulons des élections, et avant tout nous voulons qu'il signe un accord pour libérer les otages et mettre fin à cette guerre qui est terrible pour les deux camps», a dit à l'AFP Barak Hadurian, un manifestant de 56 ans à Tel-Aviv. Après la mort des six otages, Netanyahu a menacé de «régler son compte» au Hamas, alors qu'il ne cesse de répéter qu'il poursuivrait la guerre jusqu'à la destruction du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Malgré les pressions internationales et les craintes d'une escalade militaire régionale liée à la guerre à Gaza, des mois de négociations pour aboutir à un accord sur une trêve et une libération d'otages n'ont pas abouti, les belligérants s'accusant de les bloquer. «Je regrette que nous n'ayons pas protégé Hersh en ce jour sombre. Combien je suis désolé que nous n'ayons pas réussi à le ramener à la maison», a déclaré le président israélien Isaac Herzog lors des funérailles de l'Israélo-américain Goldberg-Polin, 23 ans, l'un des six otages retrouvés morts. «Hersh, j'ai besoin que tu nous aides à rester forts, que tu nous aide à survivre», a déclaré sa mère, Rachel, devant la foule.

Les Etats-Unis et le Royaume-Unis accroissent la pression

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, accentuent eux aussi la pression. En arrivant à la Maison Blanche pour rencontrer les négociateurs américains ayant pris part aux discussions infructueuses des derniers mois, Joe Biden a répondu «non» à une question de la presse qui lui demandait si Netanyahu en «faisait assez» pour obtenir un accord sur la libération des otages.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

De son côté, le Royaume-Uni a annoncé suspendre une trentaine de licences d'exportation d'armes à Israël sur un total de 350, en évoquant un «risque» que ces armes soient utilisées en violation du droit international à Gaza. Les Etats-Unis ainsi que les médiateurs égyptien et qatari poussent depuis des mois à un cessez-le-feu à Gaza et un échange d'otages contre des prisonniers palestiniens.

Jusqu'ici, une seule trêve d'une semaine avait permis fin novembre la libération d'une centaine d'otages.

Un conflit meurtrier

L'attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël le 7 octobre, a entraîné côté israélien la mort de 1205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP d'après des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là et emmenées à Gaza, 97 y sont toujours retenues dont 33 déclarées mortes par l'armée. En représailles, Israël a mené une offensive d'envergure par air et terre à Gaza qui a fait jusque-là au moins 40'786 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas. La majorité des morts sont des femmes et des mineurs d'après l'ONU.

L'offensive a provoqué un désastre humanitaire et sanitaire et le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du petit territoire pauvre. A la faveur de «pauses humanitaires» de trois jours chacune, de 06h00 à 14h00, une campagne antipolio a été lancée dimanche dans des secteurs du centre de Gaza avec l'objectif de vacciner plus de 640'000 enfants de moins de dix ans, après un premier cas de cette maladie.

Entretemps, les bombardements israéliens continuent ailleurs dans le territoire, à Gaza-ville (nord) où au moins deux Palestiniens ont été tués et à Nousseirat (centre) notamment, selon la défense civile. En Cisjordanie, un territoire palestinien séparé de la bande de Gaza et occupé par Israël depuis 1967, l'armée israélienne poursuit son opération d'ampleur à Jénine, où au moins 26 Palestiniens, principalement des combattants, ont été tués depuis mercredi, selon les autorités palestiniennes locales. Tous étaient des «terroristes» selon l'armée. 

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la