Méfiance envers la Chine
Les agences fédérales américaines et le Parlement européen interdisent TikTok

Les agences fédérales américaines et le Parlement européen interdisent TikTok à leurs employés par mesure de sécurité, le risque étant que le gouvernement chinois utilise leurs données. Le Canada a, lui aussi, pris des mesures.
Publié: 01.03.2023 à 10:12 heures
Les agences américaines et le Parlement européen bannissent Tiktok.
Photo: DUKAS

Les agences fédérales américaines devront s'assurer que leurs appareils ne sont plus dotés de l'application de vidéos TikTok sous 30 jours, pour des raisons de sécurité nationale, a ordonné lundi le Bureau de la gestion et du budget à la Maison Blanche (OMB). L'interdiction au sein du gouvernement fédéral américain survient quelques jours après une décision similaire de la Commission européenne.

Détenue par l'entreprise chinoise ByteDance, TikTok a été prise pour cible par les législateurs américains. Ils avaient déjà interdit son usage sur les appareils des fonctionnaires dans une loi votée fin décembre. L'ordre de l'OMB est pris en application de cette loi, ratifiée début janvier par le président Joe Biden.

Dans un mémorandum, la directrice de ce bureau, Shalanda Young, a demandé aux agences gouvernementales de «supprimer et d'interdire les installations» de l'application sur les appareils leur appartenant ou gérés par elles, et d'"interdire le trafic internet» depuis ces appareils vers l'application.

«Déraisonnable» selon la Chine

L'interdiction ne s'applique pas aux entités américaines ne dépendant pas du gouvernement fédéral, ni aux millions de particuliers qui utilisent TikTok. Mais l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a déploré la nouvelle loi, en estimant qu'elle revenait à «interdire effectivement TikTok».

«Le Congrès ne doit pas censurer des plateformes entières et priver les Américains de leur droit constitutionnel à la liberté de parole et d'expression», a déclaré Jenna Leventoff, conseillère politique principale de l'ACLU, dans un communiqué. «Nous avons le droit d'utiliser TikTok et d'autres plateformes pour échanger nos pensées, nos idées et nos opinions avec des personnes du pays et du monde entier», a-t-elle ajouté.

«Les États-Unis sont le plus grand pays au monde et ils craignent une application appréciée des jeunes. C'est vraiment un manque de confiance en soi», a réagi mardi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

«Nous nous opposons fermement à ce comportement des États-Unis qui consiste à étendre de manière démesurée le concept de sécurité nationale, à abuser du pouvoir de l'État et à s'en prendre de manière déraisonnable aux entreprises d'autres pays», a-t-elle déclaré lors d'un point presse régulier.

Interdictions en série

L'interdiction au sein du gouvernement fédéral américain survient quelques jours après une décision similaire de la Commission européenne, qui a interdit TikTok à son personnel pour «protéger» l'institution.

Le gouvernement du Canada a, lui aussi, annoncé lundi qu'il allait bannir TikTok des appareils mobiles qu'il fournit à son personnel à compter de mardi, évoquant «un niveau de risque inacceptable» pour la vie privée et la sécurité. TikTok fait déjà partie des applications chinoises interdites en Inde depuis 2020.

Avec plus d'un milliard d'utilisateurs actifs dans le monde, TikTok pointe à la sixième place des plateformes sociales les plus utilisées, selon le dernier rapport de We Are Social sur l'évolution du numérique, publié en janvier.

TikTok avait reconnu en novembre que certains employés en Chine pouvaient accéder aux données d'utilisateurs européens, et avait admis en décembre que des employés avaient utilisé ces données pour traquer des journalistes. Mais le groupe nie tout contrôle ou accès du gouvernement chinois à ses données.

(ATS)

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