Même finesse des traits, même sourire ambigu, même velouté des contours grâce au fondu (le fameux «sfumato») popularisé par Léonard de Vinci: dans la réplique exposée fin octobre à Bruxelles avant d’être acheminée à Paris, l’artiste anonyme a imité parfaitement le visage de la Mona Lisa originale.
«Il n’est pas rare de voir une copie de la Joconde, mais celle-ci est dans un état de conservation formidable et surtout elle a été peinte sur panneau de chêne», alors que les autres copies sont essentiellement sur toile, a expliqué à l’AFP le commissaire-priseur Matthieu Fournier.
Un auteur encore inconnu
Surtout, un siècle après la réalisation du chef-d’œuvre original (1503-1506), l’artiste «s’est totalement imprégné de la manière du maître, ce qui est extrêmement touchant», à l’opposé d’autres tableaux où les copistes «mettent leur patte et trahissent l’époque de l’exécution», poursuit-il.
Si on ignore son auteur, la copie est attribuée à «l’Ecole de Fontainebleau», un ensemble de peintres actifs au 16e siècle autour du château de Fontainebleau, près de Paris, où était justement exposée l’œuvre de Léonard de Vinci entre le règne de François 1er et celui de Louis XIV.
«Ce tableau est tellement fidèle qu’il a forcément été réalisé devant l’original […] Il nous montre ce qu’était la Joconde au moment où la copie fut exécutée», avec alors des «couleurs très franches», observe le commissaire-priseur.
Or, le panneau exposé aujourd’hui au musée du Louvre «est extrêmement jaune avec un vernis caramel embué», et très difficile à restaurer en raison de la technique employée de couches de glacis multiples: la copie mise en vente par Artcurial offre donc «un témoignage émouvant sur l’état de la Joconde au XVIe siècle, malheureusement altéré depuis».
Un premier prix à plusieurs centaines de milliers d’euros
Cette copie, redécouverte il y a six mois lors d’un inventaire familial dans les environs de Paris, est estimée entre 150’000 et 200’000 euros, mais l’engouement pour l’icône star du Louvre pourrait faire monter les enchères.
Quelques détails trahissent néanmoins l’imitation: un décor d’arrière-plan tracé à amples coups, bien moins travaillé et détaillé que celui de Léonard de Vinci, de larges colonnettes ostensibles encadrant la Joconde alors qu’elles sont fines et quasi invisibles dans l’original, ou encore une touche différente dans les étoffes de la robe.
Le tableau sera visible du vendredi 5 au lundi 8 novembre dans les locaux d’Artcurial à Paris, au Rond-Point des Champs-Elysées, avant sa mise aux enchères.
(ATS)