L’Autriche l’a déjà annoncé, l’Allemagne en débat. La vaccination obligatoire fait beaucoup parlé d’elle. Toutefois, une couverture vaccinale élevée est-elle vraiment la solution à tout dans la lutte contre le coronavirus? L’exemple du Portugal montre que ce n’est pas si simple que cela.
Si le pays a le taux de vaccination le plus élevé de toute l’Europe, cela n’empêche pas le nombre de cas de croître rapidement. Afin de juguler cette augmentation, le gouvernement a déclaré une nouvelle fois l’état d’urgence la semaine dernière.
Depuis le 1er décembre, le port du masque est à nouveau obligatoire à l’intérieur. L’accès aux bars, discothèques, hôpitaux, établissements de soins et grandes manifestations est limité aux personnes vaccinées ou guéries, qui doivent en plus présenter un test négatif (concept «2G-Plus»). Cela vaut également pour entrer dans le pays.
D’autres mesures drastiques ont été annoncées. Après Noël, la population sera confinée pour une semaine. Alors qu’il y a quelques semaines, le Portugal était encore salué comme un modèle, le pays est à présent dans une situation délicate. Comment est-ce possible?
«Apprendre de ses erreurs»
Le médecin et ancien directeur national de la santé Francisco George estime que les nouvelles mesures ne représentent pas un échec de la stratégie Covid du Portugal. Le pays veut simplement éviter le pire. «Le gouvernement a appris de ses erreurs pendant l’hiver dernier», explique-t-il au «Monde». Pendant les fêtes de fin d’année en 2020, le Portugal a été confronté à un scénario d’horreur. À un moment donné, le pays a même enregistré le plus grand nombre de morts du Covid au monde par rapport à sa population.
Le gouvernement avait alors lancé une campagne de vaccination extensive qui a porté ses fruits. Malgré un nombre croissant d’infections, le nombre de personnes devant être hospitalisées est nettement inférieur à celui d’il y a un an. Le système de santé est actuellement encore loin d’être surchargé, affirme Francisco George.
La population fait preuve de compréhension
Au Portugal, la population se serre les coudes. Même l’opposition approuve le confinement prévu en fin décembre, souligne Ricardo Baptista Leite, porte-parole pour les affaires de santé du PSD, un parti du centre droit.
Selon lui, la population a réagi avec compréhension aux nouvelles mesures. Il n’y a pas eu de résistance lors de l’introduction du concept «2G-Plus». «Les gens se sentent désormais davantage en sécurité lorsqu’ils se rendent à des manifestations, et les entrepreneurs se réjouissent parce que leurs magasins restent ouverts», se réjouit Ricardo Baptista Leite.
La vaccination ne suffit pas
Pour le porte-parole, il est pourtant clair qu’être doublement vacciné ne suffit pas: «Les mesures sanitaires supplémentaires sont nécessaires pour ne pas surcharger le système de santé.» Il estime que le gouvernement doit mettre en place une infrastructure de vaccination durable.
Dans le pays, un petit groupe de personnes doublement vaccinées hésite désormais à recevoir la troisième dose. Pour Ricardo Baptista Leite, il ne faut pas cesser de les encourager: «Le vaccin sauve des vies».
(Adaptation par Jessica Chautems)