Maduro vise un 3e mandat
Voici les enjeux de l'élection présidentielle au Venezuela

Ce dimanche aura lieu au Venezuela les élections présidentielles qui mettront aux prises un président sortant Maduro en grand danger face à l'opposition. Voici un guide pour en comprendre tous les enjeux.
Publié: 27.07.2024 à 16:54 heures
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Dernière mise à jour: 27.07.2024 à 16:55 heures
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

Le Venezuela organise dimanche une élection sous tension avec un duel entre le président sortant Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat de six ans, et Edmundo Gonzalez Urrutia, qui cherche à faire sortir le pays de 25 années de chavisme, la doctrine d'inspiration socialiste de Hugo Chavez dont Maduro est l'héritier. Mode d'emploi.

Les bureaux de vote seront ouverts de 06H00 (10H00 GMT) à 18H00 (22H00 GMT) avec des résultats attendus dans la nuit.

Les candidats

Dix candidats sont en lice lors du scrutin à un seul tour mais seuls deux vont réaliser des scores significatifs. Le président sortant Nicolas Maduro, 61 ans. Il brigue un troisième mandat de 6 ans. Dauphin désigné de l'ancien président Chavez, président d'inspiration socialiste de 1999 jusqu'à sa mort en 2013, M. Maduro espère prolonger l'expérience chaviste au pouvoir.

Edmundo Gonzalez Urrutia, 74 ans. Diplomate, travailleur de l'ombre, il a accepté au pied levé d'être le candidat de l'opposition après la confirmation de l'inéligibilité de la leader de l'opposition Maria Corina Machado, âme de la campagne.

Combien d'électeurs?

Quelque 21 des 30 millions de Vénézuéliens sont appelés à voter dans l'un des 30.000 bureaux de vote. Selon les observateurs, plus la participation sera forte plus les chances de l'opposition sont grandes.

Selon des estimations, 17 millions pourraient effectivement voter, sept millions de Vénézuéliens ayant fui le pays avec la crise qui a vu le PIB se contracter de 80% entre 2013 et 2020. Les revenus moyens avoisinent 150 dollars par mois dans le privé alors que le salaire minimum 4 dollars auxquels s'ajoutent des primes obligatoires de quelque 130 dollars. De nombreux observateurs estiment qu'une victoire de Maduro pourrait entraîner une nouvelle vague d'émigration.

Qui gère l'élection?

Le Conseil National Electoral (CNE) est l'organe électoral vénézuélien qui gère l'élection. Le comité directeur est composé de cinq membres dont trois sont considérés comme pro-pouvoir et deux, voire un seul selon certains opposants, comme pro-opposition.

Il n'y a aucun doute sur les sentiments de son président Elvis Amoroso, ancien contrôleur des comptes (fonctionnaire agissant comme une Cour des comptes) qui, avant de devenir président en 2023, avait notamment déclaré inéligibles les principaux leaders de l'opposition. Il fait partie depuis 2017 de la liste de personnes sanctionnées par les Etats-Unis dans le cadre de la crise politique vénézuélienne (interdiction de se rendre aux USA, gel d'éventuels comptes ou biens aux USA...).

Le vote se fait avec des machines électroniques et les résultats seront centralisés par le CNE. L'opposition, qui n'a cessé de critiquer la partialité du CNE, espère que ce processus informatique contrôlé au niveau local par des scrutateurs indépendants du CNE garantira la justesse du résultat.

L'armée interviendra-t-elle?

Une des grandes questions du scrutin est quelle sera l'attitude de l'armée, considérée comme pro-pouvoir. Hugo Chavez était un ancien militaire qui a particulièrement choyé l'armée et Maduro a continué sur cette lancée, permettant à la hiérarchie d'accéder à de nombreux postes au sein du pouvoir et de l'économie. Maduro s'est aussi beaucoup appuyé sur les forces armées pour la répression de l'opposition et des manifestations lors de troubles sous son mandat.

«La force armée nationale bolivarienne me soutient», a réaffirmé cette semaine Maduro. De son côté, le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia a appelé dans une lettre ouverte les militaires à «respecter et faire respecter (la) volonté souveraine» du peuple lors de la présidentielle.

Qu'en pense la communauté internationale?

Le président Maduro brigue un troisième mandat mais il cherche aussi à normaliser les relations du Venezuela pour desserrer l'étau des sanctions. Depuis 2019, le pays vit sous le régime des sanctions américaines imposées dans le sillage de la réélection contestée de Maduro en 2018 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et entaché de fraudes selon elle.

Nicolas Maduro avait alors contre lui une grande partie des pays d'Amérique latine, dont les dirigeants étaient globalement à droite avec les exemples marquants de Jair Bolsonaro (Brésil) et Ivan Duque (Colombie). Avec les présidents de gauche Lula (Brésil), Gustavo Petro (Colombie), Gabriel Boric (Chili), Maduro n'a certes plus d'adversaires déclarés en face mais les trois chefs d'Etat ont exercé une pression en faveur d'élections «transparentes et justes».

Les Etats-Unis restent sur la même ligne officielle liant la levée des sanctions à des élections compétitives mais, de l'avis de nombreux observateurs, ils aimeraient - realpolitik oblige - aussi normaliser leurs relations pour que le Venezuela redevienne un producteur de pétrole important dans un contexte de tension sur le brut dans le monde (Ukraine, Moyen-Orient).

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