Macron en Gironde
Des pompiers européens contre les feux de forêt verront-ils bientôt le jour?

Le président français se rend ce mercredi 20 juillet en Gironde, au chevet des incendies qui ont déjà dévasté plus de 20'000 hectares. Face au changement climatique et au manque de moyens nationaux, un corps de pompiers européens est de plus en plus jugé indispensable.
Publié: 20.07.2022 à 10:03 heures
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Dernière mise à jour: 20.07.2022 à 16:48 heures
Prés de 5000 pompiers français continuent ce mercredi 20 juillet de lutter contre les feux toujours pas complètement maitrisés. Emmanuel Macron, attendu en Gironde, doit annoncer de nouveaux moyens. Mais la réponse aux canicules liées au changement climatique est aussi au niveau européen.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

La Tour Eiffel dans un nuage de fumée âcre. L’acteur Franck Dubosc déjà affairé à récolter des fonds pour reconstruire le camping des Flots Bleus – celui des films «Campings» et de son personnage fétiche, Patrick Chirac – détruit à 90% par les flammes au pied de la dune du Pilat. Et Emmanuel Macron attendu ce mercredi 20 juillet en Gironde, où les incendies ont déjà dévasté plus de 20’000 hectares de forêts, y compris dans le département voisin des Landes.

L’enfer du bassin d'Arcachon

Les feux qui ont transformé la région du bassin d'Arcachon en enfer depuis plusieurs jours, avec près de 3000 pompiers mobilisés, reposent une nouvelle fois la question des moyens mobilisables contre les incendies. Malgré ses douze avions bombardiers d’eau Canadair et six avions Dash – dont les trois quarts sont mobilisés au-dessus des départements touchés – la France a dû solliciter l’aide du corps de protection civile européen. De quoi relancer le débat sur la constitution d’un corps de pompiers supranationaux, à l’image de Frontex, l’agence de protection extérieure des frontières de l’espace Schengen, dont la Suisse est membre et à laquelle participent des gardes-frontières helvètes.

Un ciel zébré de cendres jusqu’à Paris

Coïncidence politico-climatique: c’est dans un ciel zébré des cendres remontées de Gironde et poussées par les vents, après avoir saturé l’air en Vendée, puis en Touraine et au-dessus d’Orléans, que l’Assemblée nationale française va tenir ce mercredi à Paris la traditionnelle séance de questions au gouvernement, qui sera largement consacrée aux incendies. Avec une demande: celle de voir la lutte contre les incendies, plaie continentale engendrée par les canicules de plus en plus fréquentes, devenir une priorité européenne.

Protection civile européenne

Les États membres de l’UE peuvent activer, lorsque leurs moyens nationaux atteignent leurs limites, le mécanisme de la protection civile européenne crée en 2001, à la suite d’un rapport de l’ex commissaire français Michel Barnier qui fut, entre autres, le négociateur du Brexit avec les Britanniques. Un centre de coordination de la réaction d’urgence (ERCC) existe à Bruxelles. L’une de ses prérogatives est de diffuser des images et des cartes en temps réel en provenance des satellites Eusat, Sentinel-1 et Sentinel-2, qui font partie du programme européen Copernicus de surveillance du changement climatique, que la Suisse souhaite rejoindre. En mars dernier, le Conseil des Etats a approuvé une résolution du Conseil national pour défendre cette participation. Laquelle se retrouve sur le dessus de la pile des négociations avortées avec l’Union européenne.

Budget annuel d’un milliard d’euros

Impossible toutefois de compter sur ce dispositif pour apporter autre chose qu’un renfort ponctuel et limité face aux flammes qui dévastent, cette année, la France, le Portugal, l’Albanie l’Espagne et à nouveau une partie de la Grèce. Le budget annuel de la protection civile européenne s’élève à un milliard d’euros, alors que celui dédié à la politique agricole commune atteint les 170 milliards! La Suisse, contrairement à la Norvège et à l’Islande (deux pays non-membres de l’UE), n’y contribue pas. Or les moyens anti-incendie existants sont déjà insuffisants, car ils ne sont pas permanents. Les moyens aériens, par exemple (12 avions, un hélicoptère), sont mis à disposition par la Croatie, la France, la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la Suède. Mais dès que les feux s’embrasent, chacun rapatrie ses capacités. La question d’une flotte autonome anti-incendie se pose, tout comme celle des moyens autonomes de l’agence Frontex pour les frontières extérieures de l’Union.

Flotte aérienne «RescEU»

Première étape: le renforcement du nombre d’avions de la flotte «RescEU», destinée à lutter contre les incendies en Europe. La Commission européenne a déjà annoncé avoir entamé des discussions avec les constructeurs aériens. L’idée est de mettre à disposition des avions anti-incendie comme les Canadair pour assurer aussi la surveillance maritime. «Ces avions seront techniquement achetés par les Etats membres mais ils seront financés à 100% par l’Union européenne», a annoncé Bruxelles. Un programme de recherche sur les futurs moyens de lutte contre les incendies pourrait voir le jour. Directement concernés, les partenaires de l’UE, dont la Suisse, devraient logiquement y être associés.

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