La Russie veut fermer le robinet à gaz de l'Europe. Dans le cadre de la guerre en Ukraine, elle met la pression sur l'Occident en freinant déjà les premières livraisons de gaz pour certains états européens. L'entrepreneuse et conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher dresse un tableau sombre de la politique gazière européenne. Elle plaide pour des négociations de paix avec la Russie.
Magdalena Martullo-Blocher voit deux problèmes se profiler pour la Suisse: «Ce qui m'inquiète le plus, c'est notre approvisionnement en électricité. Durant l'hiver, la Suisse dépend de l'importation d'électricité en provenance d'Europe. Si l'UE manque de gaz, nous en manquerons aussi», déclare-t-elle à la «NZZ». En outre, l'inflation la préoccupe.
La Suisse n'est pas préparée
Magdalena Martullo-Blocher est à la tête d'EMS-Chemie, une entreprise active dans le secteur de la chimie et dont le siège est dans les Grisons. Les affaires sur les sites russes se sont déjà effondrées. EMS-Chemie produit de l'énergie à partir de la biomasse et de l'énergie hydraulique, mais si le réseau venait à manquer d'électricité, qui est en partie produite en Suisse à partir du gaz, toute l'entreprise serait paralysée.
«Les 30'000 plus gros consommateurs de Suisse ont été informés en janvier qu'ils devaient se préparer - malgré les contrats de livraison existants - à une réduction de l'électricité pouvant atteindre 30%. Cela concerne l'industrie, mais aussi Coop et Migros, les CFF et Swisscom - en fait la grande majorité des entreprises. Plus d'eau du robinet ni de pain, plus de légumes ni de viande réfrigérées, des interruptions de trains, des pannes de réseaux de téléphonie mobile... Ce sont autant de conséquences probables», explique l'entrepreneuse. Selon elle, la Suisse n'est pas suffisamment préparée à cette situation d'urgence.
La pénurie pourrait devenir une réalité l'hiver prochain
«Ce qui est grave, c'est qu'un tel scénario catastrophe devient de plus en plus réaliste. Comme le président Poutine a réduit les livraisons de gaz vers l'Europe, une pénurie d'électricité et de gaz pourrait devenir une réalité avant l'hiver prochain. L'effet est déjà drastique», explique Magdalena Martullo-Blocher.
Sa solution: «Au lieu de continuer à attiser le conflit, les présidents européens doivent prendre leurs responsabilités et admettre qu'ils sont dépendants du gaz russe. L'Europe doit négocier avec Poutine un approvisionnement stable en gaz, au moins jusqu'au printemps 2023 et surtout une paix durable!»
(Adaptation par Lliana Doudot)