C'est une de ces polémiques qui ne peut qu'enfler à l'approche des fêtes de fin d'année. L'Union européenne rétropédale avant même d'avoir officialisé un texte sur l'utilisation des termes liés à la période de Noël dans ses documents officiels. «Certains exemples (...) ont suscité des préoccupations», a expliqué la commissaire européenne à l’Égalité, Helena Dalli, citée par «Sud-Ouest» via l'AFP.
Quel document a bien pu provoquer l'indignation avant même d'avoir été publié? Il s'agit d'un guide pour une «communication inclusive» intitulé «Union of Equality», qui ne devait pas seulement régler l'utilisation des genres, mais déconseillait également — au sein de la Commission européenne — l'utilisation d'expressions et de noms chrétiens tels que «Noël», «Marie» ou «Joseph».
Reformuler des phrases religieusement neutres
Comme le rapporte le journal italien «Il Giornale», le document suggérait de formuler des phrases de manière religieusement neutre. Par exemple, «La période de Noël peut être stressante» serait devenue «La période des vacances de fin d'année peut être stressante».
En effet, selon le document européen, toutes les personnes résidant dans les pays de l'Union ne célèbrent pas les fêtes chrétiennes, les chrétiens eux-mêmes ne le faisant pas aux mêmes dates. Tout cela bien que deux tiers tiers des habitants de l'UE soient enregistrés comme chrétiens.
Le porte-parole de l'UE tente d'apaiser les tensions
En guise de protestation, des députés européens italiens ont déposé des interpellations à Bruxelles. Ils reprochent au document d'exclure les chrétiens au lieu de promouvoir une communication inclusive.
Un porte-parole de l'UE a pris position et a tenté d'apaiser les tensions. Il relativise maladroitement: «Bien sûr, nous n'interdisons pas l'utilisation du mot 'Noël' ou n'en décourageons pas l'usage. Mais la Commission est tenue d'être neutre en matière de religion». Le guide est un document interne de niveau technique dont l'objectif est de sensibiliser à la communication inclusive.
L'Italie catholique choquée
C'est surtout dans l'Italie catholique que les réactions ont été les plus dures. Celle de Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d'Italia, ne s'est pas faite attendre. «Maintenant, ça suffit: on ne détruit pas notre histoire et notre identité», tonne-t-elle. Même son de cloche du côté de chef de la Lega Matteo Salvini, lui aussi indigné, qui parle d'une «folie».
Côté suisse, certains politiciens ont également réagi. Le président du Centre, Gerhard Pfister, est lui aussi stupéfait. «L'UE a toujours suffisamment de personnel, de temps et d'argent pour ce genre de choses», a-t-il ironisé sur Twitter.
Langage non-sexiste
Le document devait également régler l'utilisation d'un langage non sexiste. Les expressions sexuées telles que «ouvriers ou policiers» devaient être interdites, de même que «femme ou mademoiselle», sauf si le destinataire le souhaite expressément. Lors de discussions, il aurait été interdit d'inviter uniquement des hommes ou des femmes.
Il était également précisé à veiller à ne pas toujours mentionner le même sexe en premier dans une suite de mots et à s'adresser de la même manière aux femmes et aux hommes, c'est-à-dire à ne pas appeler les hommes par leur nom de famille et les femmes par leur prénom, comme c'est souvent le cas.
Enfin, le guide voulait également supprimer les mots ayant un lien avec des événements à connotation négative. Au lieu de «colonisation de Mars», il aurait mieux fallu dire «l'envoi d'hommes sur Mars».
(Adaptation par Alexandre Cudré)