Un gouvernement Bayrou dans la journée? Le président Emmanuel Macron est rentré à Paris dimanche, après une tournée à Mayotte et en Afrique de l'Est, ce qui ouvre une fenêtre pour accélérer les consultations avec le Premier ministre et éventuellement parvenir à une nomination.
«Cela avance. (...) La structuration des grands pôles ministériels est fixée», a expliqué le président des députés MoDem, Marc Fesneau, dans La Tribune dimanche, confirmant que la liste complète du gouvernement devrait être présentée «en une seule fois» et «avant Noël».
Nommé le 13 décembre, le leader centriste François Bayrou a continué pendant le week-end à affiner son équipe, qu'il souhaite resserrée et la plus ouverte possible. Chantre du dépassement en politique, il souhaite qu'elle comprenne des personnalités de poids, de gauche comme de droite et du centre, afin de répondre aux urgences qu'affronte le pays, notamment budgétaires.
Cette journée de dimanche apparaît cruciale. Lundi, il y a peu de chances qu'un gouvernement soit annoncé, en raison de la journée de deuil national décrétée par le chef de l'État pour les Mahorais dont l'archipel a été dévasté par le cyclone Chido.
Resterait encore mardi, le 24 décembre, juste avant que la France ne plonge dans les fêtes de fin d'année.
Wauquiez pas au gouvernement
Après avoir rencontré les partis et groupes parlementaires un par un, puis tous ensemble, le Premier ministre fait face à plusieurs obstacles pour se démarquer des choix opérés par son prédécesseur, Michel Barnier.
Les Républicains ont tardé à donner leur blanc-seing pour accepter de participer au gouvernement, alors même que François Bayrou a annoncé son intention de maintenir le très droitier ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
Mais samedi soir, après avoir échangé avec François Bayrou, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a confirmé à ses troupes qu'il s'orientait vers une participation du parti au gouvernement, moyennant des engagements écrits du Premier ministre «avec des précisions sur la feuille de route» notamment budgétaire.
Évoquant son «cas personnel», Laurent Wauquiez a fait savoir qu'il avait refusé d'entrer au gouvernement. «La seule configuration possible pour moi, c'était Bercy (le ministère des Finances) avec une feuille de route claire, notamment pas d'augmentation d'impôts. Il n'y a pas cette feuille de route. Il (François Bayrou) m'a proposé autre chose, j'ai décliné».
«Rejoindre le gouvernement aujourd'hui est tout sauf confortable», a estimé l'autre homme fort de LR, Bruno Retailleau, dans le JDD. Mais «si la droite ne prend pas ses responsabilités, malgré les assurances reçues sur ses lignes rouges, alors François Bayrou n'aura d'autre choix que de se tourner vers la gauche», a-t-il estimé. C'est justement le flanc gauche qui reste le plus ardu à convaincre pour François Bayrou qui défend la «co-responsabilité».
«Importantes concessions»
Jeudi, le chef du parti socialiste Olivier Faure est sorti déçu de Matignon, se disant «consterné de la pauvreté de ce qui (a été) proposé» et n'excluant pas de censurer le tout nouveau Premier ministre, allié de la première heure d'Emmanuel Macron.
Pour autant, l'ancien ministre socialiste François Rebsamen, 73 ans, a annoncé dans La Tribune dimanche être «prêt» à rejoindre le gouvernement, vantant sa «relation de confiance» de longue date avec François Bayrou. Mais ce dernier doit faire des «concessions importantes» à la gauche, a prévenu samedi l'eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, évoquant notamment les retraites.
Le maire de Pau a accepté le principe d'ouvrir une réflexion pour revoir la réforme portant l'âge de la retraite à 64 ans. Mais sans suspension de la réforme actuelle, les socialistes jugent le geste insuffisant.
Pour se prémunir d'une nouvelle censure, François Bayrou essaie d'attirer dans son gouvernement des personnalités de poids. Les noms de l'ex-Première ministre Élisabeth Borne ou de l'ex-ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sont ainsi évoqués pour entrer dans l'équipe de François Bayrou, tout comme celui de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et figure de LR. Parmi les sortants, Catherine Vautrin, Rachida Dati et Sébastien Lecornu devraient rester.
Le Premier ministre entame sa mission avec une cote de popularité historiquement basse, puisque 66% des personnes interrogées pour le baromètre Ifop-Journal du Dimanche s'en disent mécontentes.