La Cour suprême du canton de Berne a condamné vendredi en deuxième instance un homme pour le meurtre en 2021 de sa partenaire sexuelle dont il avait noyé le corps dans le lac de Thoune. La justice bernoise a alourdi la peine de prison ordonnée en première instance.
L'homme de 40 ans originaire de Bâle-campagne écope d'une peine de réclusion de 20 ans, contre 17 ans et huit mois en première instance. La justice bernoise a en outre maintenu la mesure de thérapie ambulatoire ordonnée par le tribunal régional de Thoune lors du premier procès en décembre 2023.
Ligotée et jetée dans le lac
Mardi devant l'instance cantonale, la défense a à nouveau plaidé l'acquittement en invoquant un accident. Lors d'une rencontre entre les deux protagonistes dans un lieu isolé en région bâloise en janvier 2021, la jeune femme de 31 ans est malencontreusement tombée et s'est blessée à la tête, selon l'avocat de l'accusé.
L'homme dit avoir paniqué quand il a remarqué l'absence de signe de vie chez la victime. Au lieu d'appeler les secours, il l'a ligotée puis est allé jeter son corps lesté d'un poids dans le lac de Thoune, près de Gunten.
Fantasmes sexuels
Le procureur, qui a lui requis la prison à vie, avait dépeint une situation toute différente. L'accusé consommait du matériel pornographique et évoluait dans l'univers sombre d'une violence fortement sexualisée, a-t-il souligné. L'homme avait repris contact avec une ancienne partenaire sexuelle afin de réaliser ses fantasmes, selon lui.
Le représentant du Ministère public a expliqué que, lors d'une sortie en voiture, l'accusé a assommé sa victime qui refusait de répondre à ses désirs sexuels et lui a attaché les mains et les pieds avant de l'étrangler. Il a ensuite parcouru une centaine de kilomètres pour jeter le corps dans le lac de Thoune afin de s'en débarrasser.
«Brutalité inimaginable»
Dans son verdict, la Cour suprême a dit partir du principe que la rencontre organisée par l'homme avec sa victime avait un motif sexuel, mais elle n'a pas trouvé de preuves suffisantes pour prouver le caractère sadique de l'acte sexuel. Il existe une multitude de motifs envisageables sans qu'il soit possible de trancher de manière définitive, selon la Cour.
Mais même sans motif sadique, l'acte doit être qualifié de meurtre, a conclu la justice bernoise. L'homme a agi «avec une brutalité, un sang-froid et une horreur inimaginables», a déclaré le président de la Cour dans les motivations du jugement.
Suivant le procureur, il a aussi estimé que les déclarations de l'accusé sont contradictoires et incohérentes et qu'elles ne concordent pas avec les résultats de l'expertise médico-légale. Les objections de la défense contre l'expertise ne tiennent pas, selon lui. La défense peut faire appel du jugement auprès du Tribunal fédéral. L'avocat de l'homme condamné a déclaré à Keystone-ATS qu'il discutera d'une telle possibilité avec son client «dans les prochains jours».