L'ex-chef des services secrets
«Si la maîtresse de Poutine est en Suisse, les autorités le savent forcément»

Pendant des années, la maîtresse de Vladimir Poutine, Alina Kabaeva, aurait vécu en Suisse. Même si la Confédération se montre très réservée sur le sujet, l'ancien chef du service de renseignement de notre pays affirme que les autorités auraient été au courant.
Publié: 26.04.2022 à 19:00 heures
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Dernière mise à jour: 26.04.2022 à 19:01 heures
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La maîtresse du président russe Vladimir Poutine, Alina Kabaeva, aurait séjourné pendant des années en Suisse.
Photo: TASS via Getty Images
Sermîn Faki

Alina Kabaeva, la maîtresse présumée de Vladimir Poutine, aurait séjourné en Suisse par le passé «pendant une période prolongée». C’est ce que rapporte mardi le média américain «The Wall Street Journal» en citant des «milieux de la sécurité» américains et européens.

Les autorités suisses, elles, ne se sont pas encore exprimées. Contacté par Blick, le Département fédéral de justice et de police (DFJP) de la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter répond laconiquement: «Le DFJP n’a pas d’indication sur la présence de cette personne en Suisse» . Pour des «raisons de protection des données», il n’est pas possible de fournir d’autres informations sur le sujet.

Un ex-agent suisse donne son avis

Alina Kabaeva aurait d’abord vécu à Lugano (TI), puis à Cologny, une commune de la banlieue de Genève. La villa dans laquelle elle aurait résidé était protégée par de hauts murs et dotée d’une piste d’atterrissage pour hélicoptères où des collaborateurs du Kremlin auraient régulièrement atterri. On ne sait pas quand la maîtresse de Vladimir Poutine a quitté la Suisse.

Bien que le DFJP communique avec retenue sur le sujet, le fait qu’Alina Kabaeva soit considérée comme une personne dite politiquement exposée aurait dû la placer dans le collimateur des autorités locales. «Si Mme Kabaeva se trouve ou a séjourné en Suisse, le service de renseignement de la Confédération, l’Office fédéral de la police et la ministre de la justice Keller-Sutter le savent», assure Peter Regli, ancien chef du service de renseignement suisse. Il ajoute que par souci de discrétion, les autorités «ne rendront pas cela public».

L’ex-agent suisse invite toutefois à ne pas prendre les affirmations du «Wall Street Journal» pour argent comptant. «On ferait bien d’examiner attentivement les informations des autorités américaines, invite-t-il. Nous sommes désormais entourés de fake news, il faut donc rester prudent.»

Pas de sanctions par peur de représailles?

Ce qui est clair, en revanche, c’est qu’avant le début de la guerre en Ukraine, un séjour en Suisse ne posait aucun problème sur le plan juridique et même politique. Depuis l’agression russe, les choses ont changé. Alina Kabaeva n’est actuellement pas concernée par les sanctions à l’égard de certains Russes, bien qu’elle soit présidente du conseil d’administration de l’empire médiatique NMG, fidèle au Kremlin. Le «Wall Street Journal» avance que les autorités américaines craignent qu’une sanction à l’égard de la maîtresse de Vladimir Poutine ne puisse irriter le président russe qui pourrait alors «réagir de manière agressive».

Une crainte incompréhensible pour l’ancien chef des services de renseignement suisse: «Que les autorités américaines disent que Mme Kabaeva ne figure pas sur la liste des sanctions parce qu’on ne veut pas mettre Poutine en colère, c’est un non-sens.» Selon lui, il n’est plus pertinent d’essayer de ménager le chef du Kremlin, au contraire. Il est toutefois sceptique vis-à-vis de l’utilité de sanctions contre la jeune femme: «Même si Madame Kabaeva devait être la partenaire du président russe, elle n’aura aucune influence sur lui. Seul Vladimir Poutine a de l’influence sur Vladimir Poutine.»

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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