Les politiques menacent
L'Allemagne n'achètera plus de munitions suisses si elles ne peuvent pas finir en Ukraine

Le Conseil fédéral ne veut pas que des munitions fabriquées en Suisse soient livrées par Berlin à l'Ukraine, même si elles ont été achetées par les Allemands. Conséquence: la pression monte en politique.
Publié: 31.10.2022 à 16:19 heures
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Dernière mise à jour: 31.10.2022 à 16:28 heures
L'Allemagne fait pression pour pouvoir livrer à l'Ukraine des munitions acquises en Suisse.
Photo: imago/photothek
Aline Leutwiler

La Suisse fait face à un dilemme: livrer ou ne pas livrer en Ukraine des munitions fabriquées chez nous? Pour l'instant, la réponse est toujours non. Au grand dam de l'Allemagne, qui fait pression pour que des munitions suisses puissent servir à l'effort de guerre contre le Kremlin.

Alors que la Confédération n'est pas prête à laisser passer du matériel en raison de sa position de neutralité, les politiciens allemands menacent déjà de mettre fin à tous les futurs achats d'armement du pays chez nous si nous n'obtempérons pas.

Concrètement, l'Allemagne veut livrer à l'Ukraine 12'000 obus de 35 millimètres pour le char antiaérien Guépard. Pour pouvoir exporter ces munitions fabriquées en Suisse, il faut toutefois une autorisation de Berne. Comme l'écrit le «Tages-Anzeiger», le Conseil fédéral a refusé de délivrer ce laissez-passer en juin. Car les articles de loi qui régissent la neutralité helvétique n'autorisent pas la réexportation d'armes à des pays belligérants.

Une «action humanitaire»?

Face à cela, l'Allemagne argumente que ce fameux Guépard est utilisé avant tout pour sécuriser les exportations de céréales d'Odessa. Il s'agirait donc quasiment d'une action humanitaire, selon nos voisins...

De nombreux politiciens allemands, issus des partis gouvernementaux comme de l'opposition, ont ainsi pris la Suisse en grippe. «Si les réexportations sont impossibles dans un cas comme celui-ci, je pense que nous ne pourrons plus acheter de matériel militaire à la Suisse à l'avenir», a fait savoir le membre du Parti libéral-démocrate Marcus Faber au «Tages-Anzeiger».

Ces derniers mois, l'Allemagne a tenté de se procurer des munitions en Norvège ou au Brésil. Mais les munitions norvégiennes se sont révélées sujettes à des malfaçons et le Brésil a refusé de fournir des munitions contre la Russie.


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