Les pays de l'UE depuis 2014
Avant l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, qui avait reconnu l'Etat de Palestine?

Ce mardi, les gouvernements espagnol, irlandais et norvégien ont officiellement reconnu l'Etat de Palestine. Quels sont les autres pays membres de l'ONU qui le reconnaissent, et depuis quand?
Publié: 28.05.2024 à 16:29 heures
En avril, au Conseil de sécurité de l'ONU, les Etats-Unis ont utilisé leur droit de veto pour bloquer une résolution. Elle devait permettre à la Palestine de devenir un Etat membre à part entière de l'organisation internationale.
Photo: IMAGO/Xinhua
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AFP Agence France-Presse

Ce mardi 28 mai, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont formellement reconnu l'Etat de Palestine. Les trois quarts des Etats membres de l'ONU l'avaient déjà fait, depuis sa proclamation par la direction palestinienne en exil il y a plus de 35 ans.

La guerre de presque huit mois entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le territoire israélien, ravive les appels en faveur de la reconnaissance de l'Etat palestinien.

D'après la liste fournie par l'Autorité palestinienne et les dernières annonces de gouvernements dans le monde, 146 pays sur les 193 Etats membres de l'ONU ont désormais fait part de leur reconnaissance de l'Etat palestinien. Peu avant l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, quatre pays des Caraïbes (la Jamaïque, Trinité-et-Tobago, la Barbade et les Bahamas) avaient rejoint cette liste. Y sont absents la plupart des pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord, mais aussi l'Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud.

Mi-avril, les Etats-Unis ont eu recours à leur droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer une résolution visant à ce que la Palestine devienne un Etat membre à part entière de l'organisation internationale.

L'Algérie première

Le 15 novembre 1988, quelques mois après le début de la première Intifada – soulèvement palestinien contre l'occupation israélienne – le dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat, autoproclame «l'établissement de l'Etat de Palestine», avec Jérusalem pour capitale, à la tribune du Conseil national palestinien (CNP), qui tient lieu de Parlement en exil, à Alger. Quelques minutes plus tard, l'Algérie reconnaît officiellement le nouvel Etat.

Une semaine après, 40 pays, dont la Chine, l'Inde, la Turquie et la plupart des pays arabes, font la même démarche. Suivis de presque tous les pays du continent africain et du bloc soviétique.

Dans les années 2010 et 2011 principalement, la plupart des pays d'Amérique centrale et d'Amérique latine leur emboîtent le pas, marquant leur distance sur la scène internationale avec les Etats-Unis, grand allié d'Israël.

Membre de diverses institutions internationales

Sous la présidence de Mahmoud Abbas, successeur d'Arafat mort en 2004, l'Autorité palestinienne instituée par les accords d'Oslo (1993) sur l'autonomie palestinienne lance une offensive diplomatique au niveau des institutions internationales.

Par un vote historique en novembre 2012, l'Etat de Palestine obtient le statut d'Etat observateur aux Nations unies. A défaut d'un statut de membre à part entière avec droit de vote, cela lui donne accès à des agences de l'ONU et à des traités internationaux. Forts de ce statut, les Palestiniens vont rejoindre en 2015 la Cour pénale internationale (CPI), ce qui permet l'ouverture d'enquêtes sur des opérations militaires israéliennes dans les Territoires palestiniens. Les Etats-Unis et Israël dénoncent cette décision.

L'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) avait ouvert la voie en admettant, en octobre 2011, l'Etat de Palestine comme un de ses membres à part entière. Israël et les Etats-Unis quitteront l'organisation en 2018, les seconds y reviendront en 2023.

Les pays de l'UE dès 2014

En 2014, la Suède devient le premier pays de l'UE à reconnaître l'Etat de Palestine. La République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et Chypre l'ayant fait avant de rejoindre l'Union européenne. Cette décision de Stockholm, prise à un moment où les efforts pour résoudre le conflit israélo-palestinien sont dans une impasse complète, entraîne des années de relations houleuses avec Israël.

Dans un élan conjoint, l'Espagne et l'Irlande – tous deux membres de l'UE – ainsi que la Norvège, ont formellement emboîté le pas à la Suède mardi, alors qu'une reconnaissance formelle de l'Etat palestinien a été longtemps vue par les pays occidentaux comme devant être la résultante d'un processus de paix avec Israël.

Les chefs de gouvernement maltais et slovène s'étaient joints le 22 mars au Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et à leur homologue irlandais pour se dire, dans une déclaration commune, «prêts à reconnaître la Palestine» si «les circonstances sont les bonnes». Le 9 mai, le gouvernement slovène a lancé ce processus de reconnaissance sur lequel le Parlement doit se prononcer d'ici au 13 juin.

Le président français Emmanuel Macron a de son côté franchi un cap en février, estimant que «la reconnaissance d'un Etat palestinien n'[était] pas un tabou pour la France». Mais Paris répète que cette décision unilatérale doit être prise au «bon moment» et être «utile dans une stratégie globale pour la solution politique».

L'Australie a également évoqué en avril la possibilité d'une telle reconnaissance. 

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