Le texte, qui interdit «les activités de l'UNRWA sur le territoire israélien», y compris à Jérusalem-Est, secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967, a été approuvé à la Knesset par 92 voix contre 10. Un second texte, également largement adopté (89 contre 7), interdit aux responsables israéliens de travailler avec l'UNRWA et ses employés. Une mesure qui devrait considérablement perturber les activités de l'agence, alors qu'Israël contrôle strictement toutes les entrées de cargaisons d'aide humanitaire vers Gaza.
L'UNRWA a dénoncé une mesure «scandaleuse» à son encontre. L'agence est le principal acteur des opérations humanitaires dans la bande de Gaza, assiégée et dévastée par plus d'un an de guerre entre Israël et le Hamas.
Israël est depuis longtemps très critique à l'égard de l'agence. L'Etat hébreu a accusé des employés de l'UNRWA d'avoir participé au massacre perpétré sur son sol par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023, qui a déclenché des représailles israéliennes particulièrement meurtrières.
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Les deux lois prendront effet 90 jours après leur adoption, selon la Knesset. Le chef de l'UNRWA, le Suisse Philippe Lazzarini, a dénoncé cette interdiction, qui «crée un dangereux précédent» et va «aggraver les souffrances des Palestiniens».
«Un désastre»
L'UNRWA, créée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1949, gère notamment des centres de santé et des écoles à Gaza et en Cisjordanie. Fournissant abris, nourriture et soins de base, elle est considérée comme «la colonne vertébrale» de l'aide à Gaza, en proie à une catastrophe humanitaire.
Si cette interdiction est mise en oeuvre, «c'est un désastre, notamment en raison de l'impact qu'elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie», a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'agence, Juliette Touma. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a toutefois affirmé qu'Israël était «prêt» à «travailler avec (ses) partenaires internationaux» pour continuer à «faciliter l'aide humanitaire à Gaza d'une façon qui ne menace pas (sa) sécurité».
Les Etats condamnent
Avant même le vote, les Etats-Unis s'étaient déclarés «très préoccupés» et «avaient exhorté le gouvernement à ne pas approuver» ce texte, selon le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller. Ce dernier a réitéré le rôle humanitaire «crucial» de l'UNRWA à Gaza.
Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé une décision «intolérable» qui aura des «conséquences dévastatrices». «Elle contrevient aux obligations et aux responsabilités d'Israël», a-t-il ajouté, en soulignant que «l'UNRWA est une bouée de sauvetage irremplaçable pour le peuple palestinien».
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'est dit «gravement préoccupé», tandis que l'Allemagne a «critiqué vivement» cette décision. L'Irlande, la Norvège, la Slovénie et l'Espagne, quatre pays ayant reconnu l'Etat de Palestine, ont «condamné» dans un communiqué commun ce texte en jugeant «essentiel et irremplaçable» le travail de l'UNRWA.
L'ONU met en garde
Côté palestinien, le Hamas a dénoncé une «agression sioniste», tandis que son allié le Jihad islamique a condamné «une escalade dans le génocide» de la population. La présidence palestinienne a jugé pour sa part que le texte confirmait «la transformation d'Israël en un Etat fasciste».
Le Conseil de sécurité de l'ONU, y compris les Etats-Unis, allié historique d'Israël, avait mis en garde le gouvernement contre cette loi. «L'Etat d'Israël a le droit et le devoir, en tant qu'Etat souverain engagé dans sa survie, de lutter contre les menaces y compris celles qui existent en son coeur», a affirmé après le vote le député Yuli Edelstein, président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense.
L'UNRWA dans la tourmente
Certains des plus gros donateurs ont suspendu leurs contributions à l'UNRWA en début d'année après qu'Israël a accusé une vingtaine des 13.000 employés de l'agence à Gaza d'avoir participé à l'attaque du 7 octobre 2023. La plupart des donateurs ont depuis repris leur soutien, à l'exception notable du principal, les Etats-Unis.
Neuf personnes «pourraient avoir été impliquées» dans les attaques, selon une enquête de l'ONU en août. Au moins 223 employés de l'agence ont perdu la vie depuis plus d'un an dans le territoire.