L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) fournit depuis plus de sept décennies une aide et une assistance indispensables aux réfugiés palestiniens, que ce soit à Gaza en guerre, en Cisjordanie occupée, au Liban, en Syrie ou en Jordanie. Elle est «une bouée de sauvetage» pour des millions de personnes a résumé récemment le Suisse Philippe Lazzarini, vieux routier de l'humanitaire qui dirige l'agence depuis 2020.
Mais aux yeux des autorités israéliennes, l'UNRWA est une agence biaisée, anti-israélienne et infiltrée par les membres du mouvement islamiste Hamas, à l'origine des attaques du 7 octobre. C'est pourquoi la Knesset a approuvé lundi son interdiction par 92 voix contre 10. Cette loi doit prendre effet 90 jours après son adoption.
Qu'est-ce que l'UNRWA?
L'agence a été créée en décembre 1949 par l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU) dans le sillage du premier conflit israélo-arabe, peu après la création d'Israël en mai 1948. L'UNRWA avait alors pour mission d'aider quelque 750.000 Palestiniens expulsés pendant la guerre le temps de trouver une solution durable. Mais en l'absence de règlement du conflit israélo-palestinien, l'UNRWA a vu son mandat renouvelé pour poursuivre sa mission.
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Depuis, le nombre de réfugiés a lui été multiplié par huit pour atteindre actuellement presque 6 millions de personnes protégées par ce statut très spécifique de réfugié palestinien, lié au premier exode. Les descendants en bénéficient également.
Un important employeur
L'UNRWA est une agence onusienne unique en son genre: elle est le principal fournisseur de services publics de base (éducation, santé et services sociaux).
C'est aussi un important employeur de la population. Elle a la charge de plus de 30'000 employés, principalement des réfugiés palestiniens et un petit nombre de personnel international. L'organisation compte 58 camps de réfugiés officiels et gère plus de 700 écoles pour plus de 540.000 élèves.
Elle gère également 141 établissements de soins de santé primaires, avec près de sept millions de visites de patients chaque année. Elle fournit également une aide alimentaire et en espèces à quelque 1,8 million de personnes.
Une situation catastrophique
Dans la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007, la situation humanitaire était déjà critique avant le début de la guerre entre Israël et le Hamas en octobre. Plus de 80% de la population vivaient sous le seuil de pauvreté.
Le territoire, coincé entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, compte huit camps et environ 1,7 million de réfugiés, soit l'écrasante majorité de la population de 2,4 millions d'habitants, selon l'ONU. Depuis le 7 octobre, la situation humanitaire est devenue catastrophique à cause des bombardements incessants de l'armée israélienne et des combats au sol.
La guerre contre le Hamas a coûté la vie à plus de 42'000 personnes, principalement des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire, jugés fiables par l'ONU. Les deux tiers de ses infrastructures à Gaza, qui servent souvent d'abri de fortune aux déplacés, sont endommagées ou détruites, selon l'ONU.
«L'UNRWA est indispensable»
«Au milieu de tous ces bouleversements, l'UNRWA est plus que jamais indispensable. L'UNRWA est plus que jamais irremplaçable», a clamé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. L'agence emploie quelque 13.000 personnes à Gaza et compte au moins 223 membres du personnel tués dans la guerre.
L'UNRWA est depuis longtemps dans le collimateur d'Israël et de ses soutiens qui accusent les écoles de l'agence d'enseigner la haine d'Israël. Depuis le 7 octobre, les accusations se sont intensifiées.
L'UNRWA accusée de servir le Hamas
L'agence est accusée de servir de couverture aux Hamas et Israël a accusé une douzaine de ses employés d'avoir été impliqués directement dans les attaques. Plusieurs enquêtes ont souligné des «problèmes liés à la neutralité» à l'UNRWA et déterminé que neuf employés «pourraient avoir été impliqués» dans l'attaque du 7 octobre.
Israël l'accuse aussi d'employer des centaines de membres du Hamas, y compris de la branche militaire. Ces soupçons ont poussé de très nombreux pays donateurs à suspendre leur financement en pleine guerre avant de finalement la reprendre pour la plupart, mais pas les États-Unis, ce qui laisse l'UNRWA dans une grande précarité financière.
Selon son patron, elle devrait pouvoir trouver les 80 millions de dollars qui lui manquent d'ici la fin 2024, en particulier grâce à la générosité sans précédent du grand public. Mais l'avenir reste incertain.