La Suisse doit verser pour l'instant 10 millions de francs à l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). La commission compétente du National a approuvé, sous conditions, la décision du mois passé du Conseil fédéral, qui avait pris cette décision après des mois de controverse.
Il avait précisé que ce versement était une réponse à l'appel à l'aide humanitaire lancé par l'UNRWA. L'aide est uniquement destinée exclusivement à Gaza pour couvrir les besoins les plus urgents de l'organisation, pour la période d'avril à décembre 2024: alimentation, eau, hébergement, soins de santé primaires et logistique.
La commission de politique extérieure du National soutient cette proposition, par 12 voix contre 11, indiquent jeudi les services du Parlement. Elle a insisté sur les conditions liées. Le paiement doit comporter la référence «Biens de première nécessité» et mentionner qu’il est interdit d’utiliser cet argent pour payer les frais généraux d’exploitation ou administratifs de l’UNRWA.
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Une enveloppe de 56,2 millions de francs a déjà été avalisée
L'aide financière reste bloquée pour le moment. La commission de politique extérieure du Conseil des Etats doit encore se prononcer. Ce soutien s'ajoute à l'enveloppe de 56,2 millions de francs en faveur des besoins humanitaires des pays du Proche-Orient, déjà avalisée par les commissions.
La commission du National examinera au début du mois prochain l'évolution de la situation sur place et de l'UNRWA, ainsi que les propositions parlementaires portant sur les futures mesures. Elle a déposé fin avril une motion demandant la réaffectation de la contribution 2024 à l'UNRWA à l'aide humanitaire d'urgence en faveur de la population de Gaza. Aucun transfert d’argent direct ne doit être effectué en faveur de l’UNRWA.
La décision intervient alors que les débats ont été brièvement perturbés jeudi au National pendant la session d'été, en raison de personnes sur la tribune brandissant des pancartes portant les inscriptions «Halte au génocide» et «Cessez-le-feu». Le président du Conseil, Eric Nussbaumer, les a priées de quitter la tribune, rappelant que les manifestations y sont interdites.
La Suisse apparaissait au 12e rang des contributeurs de l’UNRWA
L'UNRWA est dans la tourmente depuis les accusations d'Israël visant l'agence et certains de ses employés, accusés de soutien direct au Hamas lors des attaques sanglantes du 7 octobre. Divers pays donateurs avaient suspendu leur contribution à l'UNRWA en janvier en raison des accusations.
Ils sont nombreux à avoir entre-temps repris les versements, en plus de nouveaux bailleurs de fonds. Pour 2023, la Suisse apparaissait au 12e rang des contributeurs de l'organisation, le podium étant constitué des Etats-Unis, de l'Allemagne et l'Union européenne.
Initialement, la Suisse devait verser 20 millions de francs. Ces fonds étaient suspendus depuis décembre dernier, en attendant la décision du Conseil fédéral. Ce dernier doit désormais consulter les commissions de politique extérieure, selon la volonté du Parlement.
Les 20 millions constituent toujours le budget réservé à l'UNRWA. Le Conseil fédéral a décidé de libérer les fonds pour cette organisation deux fois par an. Il y aura donc une seconde décision cette année.
L’UNRWA dispose d'un système de surveillance solide
La décision gouvernementale a tenu compte aussi des conclusions du rapport du groupe d'examen indépendant dirigé par l'ancienne ministre des affaires étrangères française Catherine Colonna. Ce rapport avait pour objectif d'examiner la neutralité de l'UNRWA.
Il constate que l'organisation dispose d'un système de surveillance solide. Il émet toutefois 50 recommandations pour renforcer davantage la neutralité de l'organisation, notamment dans les domaines de la communication, du matériel éducatif et de l’utilisation des infrastructures.
Israël n'a par ailleurs pas encore fourni la «preuve» de prétendus liens de certains membres à des «organisations terroristes», précisait le rapport. L'analyse a également souligné que «l'UNRWA demeure cruciale pour apporter une aide humanitaire vitale» aux réfugiés palestiniens à Gaza mais aussi en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie occupée.