En Turquie, il est désormais interdit pour les femmes d'accoucher par césarienne si rien ne le justifie médicalement dans les établissements de santé privés. Cette mesure, qui a suscité la colère des politiciens de l'opposition et des groupes de défense des droits des femmes, fait suite à un débat houleux en Turquie sur la manière dont les femmes devraient accoucher.
Le président Recep Tayyip Erdogan fait pression pour que les femmes accouchent naturellement. «Les césariennes planifiées ne peuvent pas être pratiquées dans un centre médical», indique le journal officiel du 19 avril décrivant les nouvelles réglementations régissant les établissements de santé privés, qui ont fait dimanche la une des journaux.
Au moins trois enfants?
La Turquie a le taux le plus élevé de naissances par césarienne parmi les 38 pays de l'OCDE, selon les dernières données disponibles datant de 2021. Les chiffres de la Revue mondiale de la population montrent qu'il y a eu 584 césariennes pour 1000 naissances vivantes cette année-là.
En janvier, Erdogan a déclaré que 2025 serait «l'année de la famille», dans le but de remédier à la baisse du taux de fécondité en Turquie, qui a atteint un niveau historiquement bas de 1,51 en 2023. Erdogan a suggéré à plusieurs reprises que les femmes aient au moins trois enfants.
Le débat sur l'accouchement a éclaté le week-end dernier au début d'un match de football entre Fenerbahçe et Sivassapor. En effet, les joueurs de Sivassapor sont entrés sur le terrain en portant une banderole reflétant une initiative du ministère de la Santé visant à promouvoir les accouchements par voie vaginale, sur laquelle on pouvait lire: «L'accouchement naturel est naturel». Ce geste a suscité la colère des politiciens, des médecins et des organisations de défense des droits des femmes.