Les bourses américaines ne pouvaient pas plus mal commencer la semaine: les trois principaux indices boursiers sont en net recul. Le Dow Jones a perdu 2,08%, l'indice élargi S&P 500 à lui baissé de 2,07%. Et l'indice Nasdaq, à dominante technologique, s'est lui effondré de 4,0%. La raison? Les dernières déclarations de Donald Trump, qui ont semé un vent de panique chez les investisseurs.
Dans une interview accordée dimanche 9 mars à la chaîne américaine Fox News, le président américain n'a pas exclu qu'une récession puisse s'abattre sur les Etats-Unis. «Il y a une période de transition, car ce que nous faisons est très grand: nous ramenons la prospérité en Amérique» a déclaré le républicain dans l'émission «Sunday Morning Futures».
La question d'une potentielle récession était jusqu'ici peu présente dans le débat public. Mais récemment, la Réserve fédérale d'Atlanta, en Géorgie, a prévu une baisse du PIB de 2,8% pour le premier trimestre 2025. Des prévisions que le président n'a visiblement pas contestées.
La récession... et l'inflation?
Mais la récession n'est pas la seule préoccupation du président, qui estime que l'inflation pourrait elle aussi augmenter: «Elle pourrait venir», a laconiquement déclaré le républicain face à la journaliste Mara Bartiromo. «Mais devinez quoi: les taux d'intérêt ont baissé», a-t-il poursuivi en se voulant rasssurant.
Lors de sa campagne électorale, Donald Trump avait promis de faire diminuer l'inflation dès son entrée en fonction. «A partir du jour où je prêterai serment, nous baisserons rapidement les prix et rendrons l'Amérique à nouveau abordable», martelait-il en décembre lors d'un meeting de campagne dans l'Etat américain de Caroline du Nord, comme le rappelle le «Washington Post».
«Un poison pour les bourses»
Les dernières déclarations de Trump sur Fox News surviennent après une semaine agitée, marquée par de multiples revirements sur la question des droits de douane punitifs contre le Mexique et le Canada. Ces nouvelles taxes sont d'abord entrées en vigueur mardi dernier, avant que le président ne décide le jour même de les édulcorer. Jeudi, il a finalement suspendu ces droits de douane pour une durée minimale d'un mois.
Ce va-et-vient constitue un «poison pour les bourses», déclarait récemment l'économiste Katja Gisler à Blick. Et Trump n'est pas près de cesser de brandir la menace des droits de douane, comme il l'a clairement fait comprendre sur Fox News.
Une période compliquée en perspective
Les entreprises américaines doivent donc se préparer à traverser une période compliquée, et ce pour au moins deux raisons. Premièrement, les droits de douane devraient les obliger à revoir leurs coûts à la hausse. Deuxièmement, leur réputation à l'international souffre du comportement du président américain. C'est l'une des raisons pour lesquelles les ventes de voitures Tesla, propriété du milliardaire et allié de Trump Elon Musk, se sont effondrées en Europe.
L'économie américaine devra par ailleurs faire face aux contre-attaques des pays ciblés par Trump. Au Canada, plusieurs provinces ont d'ores et déjà décidé de boycotter les spiritueux américains. Selon la «NZZ am Sonntag», Lawson Whiting, chef du Brown Forman, maison mère de grandes marque de whisky comme Jack Daniel's, aurait qualifié cette mesure de «pire que les droits de douane» lors d'un entretien avec des analystes.