Donald Trump continue de jouer avec les nerfs du monde entier. Après avoir lancé une guerre commerciale, et avoir introduit des droits de douane sur les marchandises en provenance du Canada et du Mexique, le président américain s'est prestement ravisé et les a suspendus à peine deux jours plus tard.
Du point de vue douanier, l’Union européenne pourrait être sa prochaine cible. Une perspective qui n’augure rien de bon pour l’économie suisse: de nombreuses entreprises helvétiques possèdent des filiales à l’étranger, et des secteurs clés, comme la pharmacie, dépendent largement du marché américain. A cela s’ajoute une nouvelle taxe sur l’acier et l’aluminium, décidée unilatéralement par Trump.
La Suisse en retrait, l’Europe sur le pied de guerre
Face à la menace, Bruxelles prépare sa riposte. Les droits de douane «ne resteront pas sans réponse», a prévenu la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Et du côté de la Suisse? La Confédération préfère jouer la carte de la prudence. Au Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), on ne préfère pas s'aventurer sur ce terrain miné: les mesures annoncées sont en train d'être analysées, nous dit-on. «Ces travaux sont en cours et sont absolument prioritaires. Tant que la situation ne sera pas plus concrète, nous ne voulons pas spéculer sur les mesures possibles.»
Pendant ce temps, l'inquiétude commence à monter dans les milieux économiques et industriels. «La Suisse doit se préparer», a déclaré Stefan Brupbacher, directeur de Swissmem, la plus grande association industrielle suisse, dans une interview accordée à Blick. «Si l'économie américaine se mettait à boiter, cela aurait aussi des conséquences pour la Suisse.»
Pendant que la Suisse hésite, un autre acteur s’active discrètement: loin des projecteurs, l'ex-ambassadeur américain Edward McMullen est parti en mission. Cette semaine, il a donné des conseils en tant que consultant indépendant lors d'une tournée en Suisse entre Berne et Zurich, a appris Blick. Il a rencontré à cette occasion des chefs d’entreprise et des représentants d’intérêts économiques suisses, notamment la direction de Swissmem.
La diplomatie de l'ombre de McMullen
Edward McMullen est un proche de Donald Trump. En tant que spécialiste de la Suisse, il se considère comme un médiateur entre Berne et Washington face à la menace de guerre commerciale avec l'Europe et donne des conseils sur la manière dont la Confédération doit se comporter vis-à-vis des Etats-Unis.
Son mot d'ordre est le suivant: la Suisse doit mettre en avant ses avantages aux Etats-Unis à chaque occasion et à tous les niveaux. Par exemple, le fait que, contrairement à l'UE, elle n'impose pas de droits de douane sur les marchandises en provenance des Etats-Unis et qu'elle est le sixième plus grand investisseur aux Etats-Unis. De plus, la Suisse a une faible TVA, ce qui est également un avantage pour les exportateurs américains.
La directrice du Seco a fait part de ses préoccupations à McMullen
Pendant son périple en Suisse, Edward McMullen a également rencontré la directrice du Seco Helene Budliger Artieda. Elle a participé à un «dîner informel» à Zurich avec des représentants du secteur privé, où Edward McMullen était également présent. Une information que confirme le Seco.
Une rencontre bilatérale entre le Seco et Edward McMullen n'a cependant pas eu lieu, le proche de Trump n'étant là qu'à titre privé. Néanmoins, la Suisse utilise «tous les canaux possibles pour faire part de ses préoccupations», écrit le Seco.
Officiellement, Helene Budliger Artieda n'est pas encore entrée en contact avec ses homologues américains, a déclaré l'intéressée samedi dans une interview aux titres de CH Media. Une visite à Washington est prévue dans quelques semaines.