Cette incursion a surpris la communauté internationale. Début août, l'Ukraine a envahi la Russie avec de nombreuses troupes et a ouvert un nouveau front dans l'oblast de Koursk. Des troupes ukrainiennes au sol ont attaqué des villages russes – soutenues par des drones et de l'artillerie. C'est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu'une armée étrangère occupe le territoire du Kremlin.
Les experts militaires se sont montrés stupéfaits face à cette opération audacieuse et ont craint une contre-offensive à grande échelle. Environ quatre mois plus tard, Kiev occupe toujours des parties de l'oblast, même si les Russes ont réussi à reconquérir quelques villages.
«Je devais mener cette opération»
Pour le commandant en chef ukrainien Oleksandr Syrskyi, l'«opération Koursk» était une frappe préventive indispensable, comme il l'admet pour la première fois publiquement. «Je devais à la fois perturber l'attaque sur Kharkiv, réduire la pression sur l'ensemble du front et empêcher l'ouverture d'un autre front à Soumy», explique le haut responsable militaire dans un entretien avec le journal «Le Monde». «Je n'avais pas le choix, je devais mener cette opération», insiste-t-il.
Concrètement, le commandant en chef a décidé de mener une offensive à l'endroit où la Russie avait regroupé le moins de forces. Selon lui, les violents combats le long des autres lignes de front ont incité l'armée russe à «déplacer vers le sud des unités de combat de la région de Koursk, initialement prévues pour une deuxième offensive russe». Pour cette raison, les Russes auraient été nettement affaiblis sur ce territoire.
De meilleures chances de négociation?
Pour Oleksandr Syrskyi, ces mouvements de troupes représentaient à la fois un danger et une opportunité. Le danger était qu'«au milieu de l'été, toute la ligne de front, de Kharkiv (au nord) à Zaporijjia (au sud), était exposée aux offensives russes». La chance, en revanche, était que les Russes «n'avaient presque plus de troupes dans la région de Koursk».
L'attaque surprise au point le plus faible aurait finalement permis d'infliger une défaite à l'ensemble du potentiel offensif des Russes.
Les Russes en marche
Les experts soupçonnent un autre motif derrière l'invasion. Kiev pourrait espérer, grâce aux territoires occupés, avoir de meilleures cartes en main lors d'éventuelles négociations. Car dans le Donbass, l'Ukraine reste sous forte pression. La situation s'est nettement aggravée ces derniers temps. Rien que sur la journée de mercredi, les troupes russes ont mené 2501 attaques en 24 heures dans et autour de la région de Donetsk.
Cela a été une année d'intenses combats, reconnaît le général en évoquant les récentes pertes de territoire. «Nous avons combattu dans dix secteurs d'intervention contre un ennemi qui déploie des forces considérables pour ruiner le pays.» L'«intensité des combats reste très élevée» et «la situation est tendue sur les 1130 kilomètres de la ligne de front», admet Oleksandr Syrskyi.