Le Venezuela doit «chercher la vérité»
Même le pape met la pression sur Maduro après sa réélection contestée!

Le pape François a appelé dimanche le Venezuela à «chercher la vérité», accentuant la pression sur le président Nicolás Maduro après sa réélection contestée, tandis que l'opposition saluait la demande de 7 pays européens de publier «tous» les procès-verbaux du scrutin.
Publié: 04.08.2024 à 21:40 heures
François a lancé, depuis le Vatican, «un appel sincère à toutes les parties à chercher la vérité» après la réélection contestée de Nicolás Maduro.
Photo: Jesus Vargas/Getty Images

Nicolás Maduro était déjà sous pression après que de nombreux pays ont mis en doute l'intégrité du scrutin qui l'a reconduit à la tête du Venezuela dimanche dernier. Il doit maintenant faire face aux doutes du chef de l'Église catholique! Le pape François a appelé dimanche le Venezuela à «chercher la vérité».

Cet appel du pape survient alors que de nombreux pays réclament que Caracas publie les procès-verbaux de chaque bureau de vote de l'élection du 28 juillet dont l'opposition revendique la victoire. Les troubles qui ont suivi la proclamation de Nicolás Maduro comme président ont fait 13 morts (11 civils, 2 membres des forces de l'ordre), tandis que plus de 2000 personnes ont été arrêtées, selon des organisations de défense des droits humains.

«Situation critique» selon le Saint-Père

Originaire d'Argentine, le pape, 87 ans, qui s'adressait à la foule sur la place Saint-Pierre, au Vatican, a lancé «un appel sincère à toutes les parties à chercher la vérité et à éviter tout type de violence», ajoutant que le Venezuela traversait une «situation critique». François a également appelé le pays à «régler les différends par le dialogue et à prendre en compte les véritables intérêts de la population et non les intérêts des parties».

Le Conseil national électoral (CNE) a ratifié vendredi la victoire du président Maduro avec 52% des voix contre 43% à Edmundo González Urrutia, qui a remplacé au pied levé la cheffe de l'opposition María Corina Machado, déclarée inéligible. Se disant victime d'un piratage informatique, le CNE, que l'opposition accuse d'être inféodé au pouvoir, n'a toujours pas donné le détail du vote bureau par bureau.

L'opposition estime qu'il s'agit d'une manœuvre pour ne pas révéler les vrais résultats, et a publié sur un site internet les procès-verbaux de chaque bureau.

Sept pays européens font pression

Selon ces documents, dont la validité est rejetée par Nicolás Maduro, Edmundo González Urrutia a remporté le scrutin avec 67% des voix. María Corina Machadoa remercié dimanche les sept pays européens, dont la France, qui ont demandé la veille au Venezuela, dans une déclaration commune, de «publier rapidement tous les procès-verbaux» des bureaux de vote, se félicitant de leur «engagement en faveur de la démocratie».

«Nous soutenons la demande de vérification des procès-verbaux que nous avons présentés, dès que possible, à un niveau international et indépendant», a souligné María Corina Machado.

«Nous apprécions également l'appel à la fin de la persécution et de la répression qui, ces dernières heures, a été cruellement déployée contre des personnes innocentes qui ne font que demander le respect de la souveraineté populaire qu'elles ont exercée dimanche», a-t-elle ajouté.

La Russie et la Chine soutiennent Maduro

Les États-Unis, qui maintiennent leurs sanctions contre le Venezuela, estiment qu'il existe des «preuves accablantes» d'une victoire de Edmundo González Urrutia. La Russie et la Chine, alliés traditionnels de Caracas, soutiennent quant à eux Nicolás Maduro.

Des pays comme le Brésil, la Colombie et le Mexique se montrent eux plus prudents, insistant sur un règlement politique de la crise. Plusieurs pays ont reconnu Edmundo Gonzalez Urrutia comme «président élu».

L'opposante de Maduro «craint pour sa vie»

Samedi soir, s'adressant à des milliers de supporteurs, Nicolás Maduro a prévenu qu'il ne permettra pas à l'opposition «d'usurper une nouvelle fois la présidence». Une façon de rappeler qu'après sa réélection déjà controversée de 2018, une partie de la communauté internationale avait reconnu en 2019 l'opposant Juan Guaido comme «président» intérimaire. Une initiative qui s'était soldée par un échec.

Se voulant ferme, Nicolás Maduro a aussi assuré que les «patrouilles militaires et policières sont maintenues dans tout le Venezuela pour protéger le peuple».

María Corina Machado, qui avait dit jeudi vivre «cachée» et «craindre pour sa vie», a néanmoins promis samedi lors d'un rassemblement dans la capitale, de poursuivre le combat : «Nous n'allons pas quitter les rues», a-t-elle lancé avant d'enfourcher une moto et de disparaître à toute vitesse vers son lieu de refuge.

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