L’acte d’accusation laisse entrevoir l’ampleur du crime du baron de la drogue Alvaro H.*. L’homme de 47 ans doit comparaître à partir de lundi devant le Tribunal pénal de Bâle-Ville.
Ce Colombien, titulaire d’un passeport espagnol et d’un permis C, est accusé de crimes contre la loi sur les stupéfiants et de blanchiment d’argent. La palette s’étend du trafic de drogue dans le cadre privé au transport international de drogue. Des tonnes de cocaïne ont été expédiées à très grande échelle de Colombie vers l’Europe, l’Afrique et l’Australie, rapportait jeudi Blick.
En contact avec le plus gros cartel de drogue du monde
Dans les contacts du téléphone portable d’Alvaro H. figurent des noms du célèbre «Clan del Golfo». Ce dernier n’est autre que le plus grand cartel de drogue dans le monde.
En octobre 2021, ledit cartel avait fait la une des journaux du monde entier lors de l’arrestation de son chef, Dario Antonio Usuga. L’homme de 51 ans, surnommé «Otoniel», avait été arrêté lors d'une opération spectaculaire dans la jungle du Panama. Cinq cents soldats, 150 policiers et 22 hélicoptères avaient participé à cette descente.
Pour réussir cette chasse à l’homme, les Colombiens avaient même été soutenus par l’agence américaine de lutte contre le trafic de drogue (la Drug Enforcement Administration, ou DEA).
Une véritable guerre mondiale
Capturé, «Otoniel» a été extradé vers les États-Unis en mai 2022 dans l’attente de son procès à New York, bien qu’il soit de nationalité colombienne. Une collaboration entre les deux pays impliqués qui s’inscrit dans la «guerre contre la drogue» menée par différents États dans le monde.
Depuis les années 1970, le personnel militaire américain intervient au niveau international pour détruire les plantations de coca, collabore aux arrestations et condamne les barons de la drogue. En dehors des États-Unis, la DEA possède 92 bureaux dans 70 pays.
Les États-Unis ne sont pas les seuls à mener cette «guerre» contre le trafic de drogue sur la planète. Des alliances se sont formées depuis longtemps. Ainsi, la Direzione Investigativa Antimafia (DIA) italienne est en contact direct avec la DEA, les autorités latino-américaines et européennes.
Pourquoi? Car le trafic de drogue européen est principalement régi par la mafia calabraise, la 'Ndrangheta. Sans oublier la Cosa Nostra sicilienne, qui met également son grain de sel dans l’engrenage. Ils forment un front avec leurs propres alliés: les cartels des Balkans, les organisations mafieuses africaines, colombiennes et dominicaines.
Une tendance inquiétante
Au printemps 2021, l’unité antimafia de Trieste avait déjà réussi à porter un coup au «Clan del Golfo». Avec l’aide de la DEA, des autorités colombiennes et espagnoles, la Guardia di Finanza (police douanière et financière) était parvenue à intercepter plus de 4300 kilos de cocaïne. La drogue aurait dû être expédiée vers les Pays-Bas, la Croatie, la Slovénie et la Bulgarie.
Outre la mafia calabraise et sicilienne, des organisations d’Europe du Sud-Est, de Turquie, d’Afrique et d’Amérique du Sud sont aussi actives en Suisse, selon le procureur général de la Confédération, Sergio Mastroianni. Les cartels agissent «dans un esprit d’entreprise» et collaborent donc entre eux, explique-t-il à Blick.
Une tendance inquiétante. «Si l’on veut mettre en place un trafic de drogue à grande échelle, on a surtout besoin pour cela de réseaux transnationaux. Les organisations criminelles ont accès à de tels réseaux. Ce n’est pas pour les bandes normales», détaille le procureur fédéral.